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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 3.djvu/52

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MAM
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de Malthus », mais tout simplement : les uns un « pis aller », les autres « un moyen de résistance de plus contre l’oppression et le déterminisme des circonstances extérieures ». Ce point historique fixé, aujourd’hui que des lois liberticides interdisent rigoureusement toute propagande anticonceptionnelle, les individualistes anarchistes revendiquent, comme pour toutes les autres expressions de la pensée humaine, pleine liberté de discussion, de diffusion, d’exposition théorique et pratique de la thèse de la limitation des naissances. Ici en France, comme cela a lieu en Russie et avec films à l’appui, si c’est nécessaire pour la démonstration.

Une chose est le désir de s’étreindre, autre chose celui de vivre côte à côte. Rien ne garantit — les exemples abondent pour le prouver — que l’être avec lequel on cohabite actuellement plaira toujours ou qu’on lui plaira toujours. Les faits indiquent que des couples ont pu assez longtemps vivre en bonne harmonie sans enfants ou avec un enfant ou deux, chez lesquels la mésentente et l’amertume se sont introduits dès que la progéniture s’est accrue.

Les individualistes que le sujet a intéressé ne préconisèrent jamais la stérilité systématique, bien qu’en ce qui les concerne leur vie en marge des conventions et des préjugés, leur existence d’ « en dehors » ne leur permissent guère d’assumer les charges d’une progéniture. S’ils revendiquèrent, s’ils revendiquent pour la femme le « droit » à la maternité librement désirée et librement consentie, c’est qu’il leur apparaît de toute évidence « que c’est à la précréatrice, à la mère de décider quand elle veut enfanter et de choisir le procréateur de son enfant qui peut être autre que son compagnon habituel ». Ils ont ajouté que c’est une question d’eugénisme, de qualité et non de quantité ; que des enfants qui viennent au monde à assez grand intervalle, par exemple, ont beaucoup plus de chance de grandir sainement, de devenir des êtres instruits, vigoureux, mieux doués, plus aptes que ceux qui se succèdent sans interruption ou presque.

Faisant abstraction des exagérations de l’eugénisme, l’espèce humaine ne peut retirer qu’un avantage toujours plus appréciable de la pratique des progénitures sélectionnées. D’autre part, utiliser la volupté sexuelle, les raffinements de plaisir, de jouissance auxquels elle peut donner lieu, non plus en vue uniquement de la procréation, mais dans le dessein d’augmenter son bien-être individuel, n’est-ce pas accroître du même coup le bien-être de l’espèce, l’espèce (somme toute) se composant d’individus. — E. Armand.


MAMMIFÈRES. adj. et subs. (du latin mamma, mamelle et ferre, porter : qui porte des mamelles). Les mammifères nous intéressent tout particulièrement parce qu’ils forment la classe animale à laquelle nous appartenons nous-mêmes et que leur étude nous permet de comprendre l’évolution de l’homme depuis des temps considérables et qu’elle nous permet également d’entre-voir les grandes lois biologiques qui se manifestent dans l’évolution de la vie à la surface du globe. Cette connaissance peut nous guider pour éviter certaines erreurs et nous permettre de construire plus sûrement notre édifice social.

Les mammifères se caractérisent principalement par une température constante : 39° pour la plupart d’entre eux, 37, 5° pour l’homme (oiseaux 42° à 44°) ; un épiderme souple, adipeux, couvert de poils ; le développement embryonnaire effectué dans l’organisme matériel et enfin la nutrition des petits par une sécrétion fournie par des glandes cutanées appelées mamelles.

L’origine des mammifères n’est pas exactement déterminée, comme d’ailleurs la plupart des origines concernant l’apparition des diverses classes animales et même celles concernant la formation des grands em-

branchements du règne animal. Que le transformisme s’impose actuellement à tout esprit débarrassé de mysticisme, cela ne fait aucun doute pour qui exige de ses propres représentations mentales des processus intellectuels cohérents, coordonnés, liés dans l’espace et dans le temps, conformes aux données objectives de l’expérience et de l’observation. La démonstration de l’évolution d’un humain depuis l’œuf jusqu’à la sénilité est l’argument sans réplique par quoi le déterministe triomphera toujours des explications spiritualistes. Mais s’il est encore possible de suivre ontogéniquement l’évolution d’un être il est bien difficile de retrouver toutes les formes phylogéniques ayant précédé cet être depuis les premières ébauches de la vie à la surface de la terre jusqu’à sa forme actuelle.

Trois études différentes permettent néanmoins de jeter un peu de lumière sur les ténèbres du passé et de retrouver, dans ses grandes lignes, l’évolution compliquée des êtres organisés. Ce sont : la morphologie et l’anatomie comparée, qui étudient la conformation intérieure et extérieure des êtres vivants ; la Paléontologie qui s’intéresse aux restes fossilisés des animaux disparus ; l’embryologie, qui observe les différentes transformations de l’être vivant depuis la simple cellule initiale jusqu’à la forme parfaite de l’adulte.

Ces trois études se basent sur la ressemblance des caractères observés, sur le rapprochement évident des formes ; sur des comparaisons favorables à des ramifications, des descendances, des parentés plus ou moins voisin es ou éloignées.

La Morphologie et surtout l’Anatomie comparée groupent les mammifères actuels en une douzaine d’ordres renfermant des différences assez grandes soit comme aspect, soit comme mœurs. Alors que la classe des oiseaux présente une certaine fixité, des types assez voisins les uns des autres, les mammifères, par leur facilité d’adaptation à des milieux très variés, se sont diversifiés considérablement au point de ne plus même se ressembler morphologiquement, tels les chauve-souris, les baleines ou les chevaux.

Au bas de l’échelle des mammifères, les Monotrèmes, qui vivent seulement en Australie (l’Ornithorynque, au bec de canard et l’Échidné, couvert de piquants) pondent des œufs qu’ils couvent ensuite. Leur température varie entre 25° et 28° et les petits sont allaités par la mère. Les Marsupiaux (Kanguroo d’Australie, Sarigue d’Amérique) mettent au monde un embryon à peine formé, lequel placé par la mère dans une poche placée sous son ventre où se trouvent les mamelles, termine ainsi sa croissance. Ces deux groupes d’animaux, par leur constitution, rappellent certains caractères des reptiles et des oiseaux et nous montrent quelques types intermédiaires entre les ovipares et les vivipares.

Les Insectivores (Taupe, Hérisson, Musaraigne, etc.) beaucoup plus répandus à la surface des continents, sont des mammifères nettement caractérisés, à température constante élevée et à développement placentaire.

Les Chiroptères (Chauves-souris, Vampire, etc.) sont des insectivores adaptés au vol. Leurs formes sont assez particulières et constituent un des aspects curieux des possibilités de variations des mammifères.

Les Carnivores sont trop connus pour en parler ici. Il en est de même des Rongeurs dont quelques-uns, tels le lapin et surtout le rat disputent à l’homme, parfois avec succès, le droit à la vie.

Les Pinèdes (Phoques, Otaries, Morses) se sont adaptés à la vie marine, ainsi que les Siréniens (Lamantin, Dugong) et les grands Cétacés (Dauphin, Cachalot, Baleine). Ces animaux marins ne paraissent point avoir la même origine. Il est possible que les cétacés dérivent de quelques reptiles nageurs du secondaire, tandis que les Siréniens, descendraient plutôt des protongulés du tertiaire inférieur.

Les Édentés (Fourmiliers, Tatous, Paresseux), ne sont