sont au nombre de quatre : la manne en larmes, la manne qéraci, la manne grasse et la manne de Calabre. La première, est la plus sucrée. La manne est employée dans l’art médical comme purgatif.
Manne de Briançon : très faiblement purgative, qui exsude des feuilles de mélèze, pendant les étés chauds, dans une partie des Haute-Alpes. Manne d’Alhagi, manne en petits grains, qui exsude d’une espèce de sainfoin de Perse. Manne liquide, matière gluante assez semblable à du miel blanc, que l’on récolte en Perse et en Égypte, sur les feuilles de divers arbrisseaux. (Faudrait-il voir là la source de cette manne dont parle la Bible ?). Même dans nos contrées, pendant la saison chaude, dans certaines conditions de température, les arbres de nos forêts : chênes, frênes, bouleaux, noisetiers, etc., produisent dans les premières heures du jour une matière sucrée qui apparaît sur les feuilles et que recueillent les abeilles. Cette sécrétion dite miellée, parfois assez abondante pour que les insectes y trouvent un appréciable butin, mais insuffisante pour que l’homme en puisse profiter directement, est vraisemblablement le correspond de cette « manne liquide » exotique. Manne d’encens : Encens choisi qui a la couleur de la belle manne.
Au figuré : se dit des aliments de l’esprit : La liberté est la manne des peuples.
MANNE. n. f. Grand panier de forme rectangulaire ou cylindrique, à fond plat, en osier ou bois et dans lequel on transporte des marchandises : pain, pâtisserie, fruits, poisson, vaisselle, etc. Manne (la) : Tableau de Nicolas Poussin, au musée du Louvre, représentant la scène biblique : ensemble d’épisodes rendus avec une maîtrise et une harmonie magistrales. ‒ A. Lapeyre.
MANŒUVRE. (bas latin manus-opera de manus, mains, et opera, œuvre). a) n. f. Action de régler, de diriger ou de vérifier le mouvement ou la marche d’un corps quelconque, d’un mécanisme, d’une machine, avec la main : manœuvre d’une pompe, d’une presse, etc., manœuvre maladroite, manœuvre habile, etc. Le mot manœuvre s’emploie surtout pour désigner la façon de réussir quelque chose qui paraît difficile à première vue : Ce n’est que par une manœuvre savante qu’il réussit ce tour de force, ou d’adresse.
On appelle aussi manœuvre l’exercice qu’on fait faire aux soldats : Aller à la manœuvre. Les grandes manœuvres sont des exercices où l’on simule à peu près la guerre, et qui durent généralement plusieurs semaines au cours desquelles les soldats quittent complètement la caserne avec tout leur « barda » et cantonnent dans les pays qu’ils traversent.
Au figuré, une manœuvre est le fait d’agir par des moyens détournés et souvent hypocrites, pour obliger quelqu’un à agir dans le sens où l’on veut le diriger, quelquefois pour le perdre, très souvent pour le tromper, toujours pour le maîtriser. Les gens qui veulent acquérir, ou conserver une certaine domination, un certain prestige se connaissent dans ce genre de manœuvre. Ils agissent ainsi là où une action franche, un ordre, ou la persuasion ne réussiraient pas à orienter les événements dans le sens qu’ils désirent. Quelquefois, ils intriguent dans votre entourage ; d’autres fois, ils vous tendent des pièges. Ainsi, par exemple, si vous êtes un libre-penseur actif et gênant pour eux, les curés iront trouver votre patron si vous êtes ouvrier, ou votre clientèle si vous êtes artisan ou commerçant, pour vous faire « remercier » de votre place ou nuire à vos affaires, ou vous obliger à vous abstenir de propagande. Ou bien, si vous êtes soldat et qu’un gradé vous poursuive de sa haine, ou un excellent ouvrier et que le contremaître veuille vous faire mettre à la porte, le gradé ou le contremaître sauront vous brimer et vous
Je veux, avant de finir, dire un mot de cette « Grande Manœuvre », qui consiste à faire accepter la guerre et toutes ses horreurs, avec gaieté de cœur, voire même avec entrain et enthousiasme, à des gens dont tous les sentiments profonds et souvent les vrais intérêts sont à l’opposé. Tout est mis en œuvre pour inculquer aux masses l’idée qu’il est non seulement nécessaire, mais digne, moral et glorieux de courir sus à « l’ennemi ». Journaux, brochures, gravures, récits, cinémas, etc., toutes les équipes qui fabriquent l’opinion s’y emploient avec insistance et frénésie. Toute l’habileté vendue ou à vendre est employée pour faire croire aux gens toujours influençables qu’ils auront mérite et avantage à la bonne marche de la guerre et qu’ils y trouveront honneur et profit, ou les deux. À l’un la considération, à l’autre de meilleurs placements pour ses capitaux, à un troisième un écoulement assuré de ses produits ; celui-ci en retirera une place honorable ou lucrative, celui-là ne connaîtra plus de chômage. Tous mêmes y réaliseront cet espoir cher de la sécurité définitive. L’occasion s’offre à eux, leur dit-on, « d’abattre le militarisme »… ou de faire la Révolution !
Plus qu’à ces manœuvres techniques où les militaires s’avèrent généralement d’une effrayante incapacité, nos gouvernants s’entendent à organiser ces « grandes manœuvres » publicitaires qui tritureront l’opinion et la rendront favorable à leurs desseins secrets.
b) N. m. — Ouvrier manuel n’ayant pas de profession définie et occupé dans toutes les branches du travail, aux besognes rudes ou malpropres, mais secondaires et vite apprises, par opposition à l’ouvrier qualifié, qui a fait, lui, un apprentissage et qui a un métier en main. C’est rarement à son incapacité naturelle que le manœuvre doit sa condition. La plupart du temps, par suite de la pauvreté de ses parents, il a du gagner son pain dès avant l’adolescence. Les siens n’ont pu payer pour son apprentissage et ils n’auraient pu même le nourrir pendant la durée de celui-ci. Il lui a fallu accepter les travaux les plus faciles pour toucher de suite un salaire. Et c’est sur ce plan que se déroulera sa carrière de besogneux. L’enfant de la misère sera toujours l’homme de peine, aux gros efforts, aux tâches rebutantes et aux maigres rétributions.
Car si l’existence de l’ouvrier qualifié est loin d’être brillante, celle du manœuvre est presque toujours précaire et infériorisée. Parce qu’il peut être remplacé rapidement par n’importe qui, le patron en profite pour le payer moins cher et ne l’embaucher que lorsque le travail presse. Le manœuvre connaît donc le chômage plus que quiconque, et, avec le peu d’agrément de sa profession, il arrive parfois à être vite dégoûté du travail, ce qui aggrave encore sa triste condition.
L’ouvrier qualifié lui-même, qui tire souvent orgueil de ses quelques connaissances et des avantages qu’elles représentent, n’a généralement que peu de sympathie pour le manœuvre et trouve très normal qu’il soit encore moins payé que lui. Il protesterait s’il en était