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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 3.djvu/67

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la production que dans celui de la consommation, la Révolution sociale sera réalisée. ‒ A. Lapeyre.


MARCHANDISE. n. f. (rad. marchand). Tout objet, tout produit qui donne ou peut donner lieu à négoce entre individus est considéré comme marchandise. L’utilité des marchandises consiste à satisfaire les besoins des consommateurs et à leur procurer le plus de satisfactions possibles.

Dans notre société, s’il y a des marchandises au delà des besoins des riches, la consommation générale, qui comprend riches et pauvres non satisfaits, les repousse et ne peut les utiliser. Dès lors, les marchandises se détériorent, s’anéantissent sans que la collectivité générale en ait profité. La production des marchandises est chaotique et indifférente aux nécessités.

Les marchandises se consomment en raison des ressources que l’homme possède et non en raison des besoins que tout producteur ressent, ce qui est illogique. (Voir production, besoin, consommation, travail, société, etc.).

Par extension, on peut d’une manière générale, appliquer la loi qui règle la consommation des marchandises, à l’utilisation des prolétaires par les classes possédantes. Si les prolétaires se présentent en surnombre pour les besoins des riches ceux-ci font des travailleurs ce qu’ils font des marchandises qu’ils ne peuvent consommer après avoir satisfait leurs besoins, c’est-à-dire qu’ils ne les emploient pas ou mal, par suite les renvoient et dès lors les prolétaires dépérissent rapidement.

D’une manière ou d’une autre, le capitalisme hâte toujours la fin des prolétaires. Quand on réfléchit à une pareille situation, on se demande comment il est possible qu’un état social où les masses laborieuses ne figurent que comme marchandise-travail de quelques privilégiés, puisse perdurer et même se fortifier, alors qu’il serait possible et même facile aux prolétaires de faire cesser cet esclavage économique.

Pour arriver à ce résultat, il faudrait que d’une part la portion la plus éclairée de l’humanité, se préoccupant un peu moins d’elle-même et s’intéressant à la libération du travail de l’emprise du capital, activât une régénération sociale de liberté, de bien-être et de justice. Et que d’autre part, une concertation avisée et vigoureuse des intéressés, pénétrés de leur dignité humaine et résolus à briser le faisceau d’iniquités que leur passivité consacre, permît l’édification de modalités sociales enfin rationnelles.

Pour si lent que soit le progrès, il faudra bien que la marchandise humaine disparaisse un jour du contrat social : la justice l’exige. ‒ E. S.


MARCHÉ. n. m. (latin mercatus). On appelle marché toute convention faite pour l’achat ou la vente d’un ou plusieurs produits. La location ou la vente d’une propriété constitue également un marché. Le terrain, le local public, où l’on vend et achète toutes sortes de choses qui vont parfois directement chez le consommateur ou n’arrivent à la consommation que par de nouvelles transactions.

Au figuré, l’expression « être quitte à bon marché » signifie éprouver moins de perte qu’on avait pu craindre. ‒ Une opération de bourse relative à l’achat ou à la vente d’un titre constitue un marché ‒ Dans le langage commercial on dira quelquefois « par dessus le marché », ce qui signifie : en plus, en outre ‒ De même quand on fait des provisions l’on dit qu’on fait le marché ‒ Témoigner qu’on est prêt à rompre un engagement se traduit par l’expression : mettre le marché en mains.

Dans un sens plus général l’Univers apparaît comme marché suprême où l’on traite, dans les conciles de l’Empire de l’Or, non seulement des marchandises des-

tinées à l’approvisionnement de l’Humanité, mais aussi les conditions d’existence des individus et des peuples qui créent les produits. C’est au Temple de la Bourse, au marché financier, que se décide l’attribution des produits du travail aux individus. Sous cet aspect le marché financier est le marché qui détermine et conditionne l’existence des sociétés par la valeur attribuée aux choses. Le prix vénal des objets et produits traités aux marchés se compose de deux éléments : 1° la part abandonnée aux ouvriers, aux travailleurs prolétaires qui ont contribué à la production des richesses ; 2° la part prélevée par le bailleur de fonds ou du capital utile à la production et à la transformation des richesses. De l’attribution de ces parts dépend le bon marché ou la cherté des produits (voir main-d’œuvre, valeur, etc.). Dans la détermination d’un marché il faut d’abord savoir lequel des deux éléments désigné dans la fixation d’un prix a influencé sur la hausse ou sur la baisse du produit.

Quand le capital domine, comme actuellement, les prix sont élevés, au maximum, pour les déshérités et à bon marché pour les capitalistes. Si le travail dominait le capital, les produits hausseraient nécessairement de prix sous le rapport salaire, mais ils baisseraient sous le rapport capital. Les conditions du marché seraient interverties et la consommation générale, qui n’est faite aujourd’hui que par les riches, augmenterait avec le nombre de ceux qui pourraient satisfaire les besoins ressentis. N’oublions pas que les besoins croissant, augmentant avec la facilité de les satisfaire, il y aurait ainsi action et réaction parce que le travailleur jouirait des fruits de son travail proportionnellement aux efforts qu’il aurait du faire pour les produire. Pendant ce temps la consommation se généraliserait et la production multiplierait les richesses pour l’avantage général.

À notre époque, malgré la standardisation des gros capitalistes et la rationalisation des capitaines d’Industrie, les objets ne sont relativement à bon compte ‒ pour une minorité ‒ que parce que l’ouvrier a été pressuré autant qu’il était possible de le faire. Dans le produit net le capitaliste se réservant tout le bénéfice pour lui, l’attribution des richesses aux individus se fait à son avantage et au maximum des circonstances.

Les divers marchés de l’Univers nous fournissent la preuve que la spéculation et l’agio fleurissent sous la domination du capital. Relativement au développement général des intelligences qui fait naître chaque jour de nouveaux besoins, plus l’ouvrier déshérité travaille, plus il devient misérable.

Les marchés de notre époque ne favorisent que le capital. L’ouvrier, le travailleur fournit, par la spoliation dont il est victime dans la production générale, la possibilité de consommer les marchandises et produits à ses maîtres. Le marché qu’il a contracté est un marché d’esclave et s’il n’est pas consommé directement il ne meurt pas moins de privations de toutes sortes. Au banquet de la vie il n’y a pas de couvert à la disposition des prolétaires qui doivent se contenter des miettes tombées de la table de l’opulence.

Les conditions des marchés, dans une société rationnellement organisée, seraient interverties par l’apport à la société actuelle. ‒ Élie Soubeyran.


MARÉE. n. f. (se rattache étymologiquement à la forme barbare marcare, mariare, qui vient de mare, mer). La marée se produit deux fois par jour sur les côtés de l’Océan à l’exclusion des mers de moindre étendue et qui revêtent la forme de lacs tels la Méditerranée, la Baltique, la Caspienne, etc.

La marée consiste dans un relèvement (flux) et un abaissement (reflux) des eaux : cette oscillation régu-