f) Son plus grand bonheur est lorsqu’il apprend que son fils a tué son gendre :
Et je me tiens déjà trop payé…
Du service d’un fils, et du sang des deux autres. (IV-2.)
g) Il est mufle, goujat : À sa fille qui vient de perdre son fiancé, il ne trouve à dire, comme paroles de consolation, que ces mots :
En la mort d’un amant vous ne perdez qu’un homme
Dont la perte est aisée à réparer dans Rome. (IV-3.)
h) Il est dénaturé : Lorsque Camille, après avoir maudit Rome, succombe sous les coups de son frère, le vieux s’écrie :
Je ne plains point Camille, elle était criminelle. (V-1.)
5o Il est criminel d’aimer les ennemis.
Le vieil Horace :
Aimer nos ennemis avec idolâtrie,
De rage en leur trépas maudire la patrie,
Souhaiter à l’État un malheur infini,
C’est ce qu’on nomme crime et ce qu’il a puni. (V-3.)
Et le jeune :
Ainsi reçoive un châtiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain ! (IV-6.)
6o Il est bienséant de glorifier les morts.
Le vieil Horace :
Ils sont morts, mais pour Albe, et s’en tiennent heureux. (V-3.)
Et on ne doit pas les pleurer :
Horace :
Rome n’en veut point voir (de pleurs), après de tels exploits
Et nos deux frères morts dans le malheur des armes
Sont trop payés de sang pour exiger des larmes.
Quand la perte est vengée, on n’a plus rien perdu. (IV-5.)
7o Le rêve du patriote est l’impérialisme.
Le vieil Horace :
Un jour, un jour viendra que par toute la terre
Rome se fera craindre à l’égal du tonnerre (III-5.)
La voix de la raison, du bon sens et du cœur parle par le seul truchement de Camille. Ah ! Comme nous souffrons avec elle, la douloureuse amante !
Pourquoi suis-je Romaine ? Ou que n’es-tu Romain ? (II-5.)
Elle est la révoltée qui maudit.
…ces cruels tyrans
Qu’un astre injurieux nous donne pour parents. (IV-4.)
Elle est la révoltée que la folie patriotique n’aveugle pas :
Se plaindre est une honte, et soupirer un crime :
Leur brutale vertu veut qu’on s’estime heureux,
Et, si l’on n’est barbare, on n’est point généreux. (IV-4.)
Elle est la révoltée qui souhaite la destruction de Rome, l’anéantissement de la patrie, la fin du dernier patriote :
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Mai seule en être cause et mourir de plaisir. (IV-5)
c). Conclusion.
Nous aussi, souhaitons l’anéantissement de cette idole : la Patrie. Nous aussi renions le monstrueux patriotisme, goule assoiffée de sang. Nous aussi considérons le patriote comme un barbare, d’autant plus dangereux qu’il veut nous faire partager sa passion, nous imposer sa loi, « Il est triste que souvent, pour être bon patriote, on soit l’ennemi du genre humain »,
Bibliographie. — Fustel de Coulanges : La cité antique. — A. Hamon : Patrie et internationalisme. — Paul Reboux : Les drapeaux. — A. Aulard : Le patriotisme français de la Renaissance à la Révolution. — C.-A. Laisant : La barbarie moderne. — G. Hervé : Leur patrie. — R. Bazin : Questions littéraires et sociales. — Voltaire : Dictionnaire philosophique. — Rhillon : De Briey à la Rhur. — G. Darien : La belle France. — Ch. Albert : Patrie, guerre et caserne. — A. Naquet : L’Humanité et la Patrie. — J. Jaurès : Histoire socialiste de la Révolution Française. — A. Colomer : À nous deux, patrie. — O. Gauban : Histoire de la Réole. — Paraf-Javal : La légende détruite. — R. Dorgelès : Les croix de bois. — P. Deschanel : Les commandements de la patrie. — Ermenonville : Pour voir clair. — Jovy : Quelques motifs de foi dans la patrie. — Marc de Larreguy de Civrieux : La muse de sang. — Lux : Les morts glorieux. — Drieu La Rochelle : L’Europe contre les Patries. — M. Martinet : Les Temps maudits. — Th. Botrel : Chansons de batailles et de victoire. — Corneille : Horace, etc., etc.
PATRONAGE n. m. Protection exercée par un patron, dit le Larousse, sans autre commentaire sur cette signification.
Peut-être, cette façon de protéger existait-elle au temps du Compagnonnage lorsque le patron, le maître, s’engageait formellement à diriger un apprenti dans la meilleure voie pour bien apprendre son métier, en le surveillant, en le conseillant ou en le confiant à un bon compagnon. Ce genre de patronage s’exerce encore chez certains artisans, dans certaines corporations, chez un patron, travaillant lui-même avec quelques compagnons et pouvant ainsi former, près de lui, de bons ouvriers. Mais ce système tend à disparaître du fait de l’extension formidable de l’industrie qui, par l’extrême division du travail, conduit à une spécialisation de plus en plus exclusive. Le producteur qui travaille de nos jours dans une usine, atelier, manufacture ou chantier, appartenant à une société industrielle, ignore totalement le nombre, la qualité, la situation sociale et jusqu’au nom et à la résidence des actionnaires dont il est le salarié. Dès lors, quelle relation, entre ce travailleur et ses patrons anonymes ? Par la standardisation du travail, par l’application rigoureuse du système Taylor, par la mise en pratique du travail à la chaîne, on arrive à produire en quantité au détriment de la qualité. L’ouvrier, de plus en plus associé à l’appareil mécanique, dont il n’est plus qu’un rouage en chair et en os, se désintéresse totalement de la besogne qu’il accomplit.
C’est sous le patronage de ces criminels saboteurs de la production que sont les industriels, qu’est disparue la conscience de l’ouvrier qualifié, ayant l’amour de son métier. L’ouvrier a fait place au manœuvre, à l’homme-outil, à l’exploité dégoûté, travaillant, désormais, comme une brute et malheureusement pensant et agissant assez souvent de même, hors du Syndicalisme.
Voilà ce qu’on peut dire du Patronage dans le sens de protection de l’ouvrier par le patron.
Patronage a un autre sens encore. Il signifie le personnage influent sous la direction ou sous la protection de qui l’on est admis dans un Asile, ou dans un Refuge où au nom duquel un sans-travail, un besogneux se présente très humblement sur un chantier ou dans un atelier, sollicitant la grâce d’y être largement exploité.
Sous le couvert de la charité privée, presque toujours des établissements religieux prétendent porter secours