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et de l’Amou-Daria, en Lombardie où la production atteint 6.500.000 quintaux, en Espagne où elle s’élève à 3 millions de quintaux, en Amérique où elle dépasse 8 millions de tonnes ; on en trouve même en Bulgarie, en Yougoslavie, au Portugal. Avec leurs 480 millions de quintaux annuels, les Indes anglaises éclipsent, et de très loin, tous les pays non asiatiques. SI la culture du riz exige beaucoup de travail, elle est, par contre, d’un excellent rapport. Le rendement moyen, évalué à 20 hectolitres à l’hectare pour l’ensemble du globe, est bien supérieur à celui du blé ; au Japon, il atteint 26 hectolitres. Mais, lorsque les pluies arrivent en retard ou sont insuffisantes, la récolte est parfois extrêmement déficitaire. D’où les effroyables famines qui sévissent, les années de sécheresse, dans certains pays d’Extrême-Orient.

Parce qu’il est, pour une large part, consommé sur place, dans les contrées mêmes qui le produisent, le riz n’est pas l’objet d’un trafic comparable à celui du blé. Au premier rang des régions exportatrices, il faut placer la Cochinchine, le Tonkin et le Cambodge. La Cochinchine en expédie de 15 à 16 millions de quintaux chaque année ; le Cambodge en livre plus de 300.000 tonnes à Saigon pour l’exportation ; au Tonkin, l’on obtient, à l’heure actuelle, deux récoltes par an. Saigon, la capitale du riz, rivalise avec les ports français les plus renommés, par l’ampleur de ses opérations. « Pour bien juger de l’importance de l’Indochine comme centre de production rizière, écrit Rondet-Sdint, Il faut, du haut de Cholon, à Saigon, longer le canal appelé arroyo-chinois. Sur des kilomètres, les gros chalands sont l’avant à terre, dans la vase, pressés les uns contre les autres. Combien y en a-t-il ? Des centaines et des centaines. Les magasins, les piles de sacs de riz s’alignent sur chaque rive à perte de vue, coupés ça et là par quelque grosse usine de décortiquage. « Sous forme de paddy, de grains blancs, etc., Saigon aurait exporté plus de 1.600.000 tonnes de riz en dix mois, certaines années. La Birmanie est aussi un centre exportateur de toute première importance ; Rangoun expédie la précieuse céréale, non seulement eh Europe, mais dans les principaux pays d’Extrême-Orient. À cause de la densité de leur population, Chine, Japon, etc, produisent en effet moins de riz qu’ils n’en consomment.

D’ordinaire, on mange le riz cuit à l’eau et en grain. On peut aussi le manger cru, le réduire en farine ou le mélanger avec d’autres aliments. Parce qu’il renferme peu de gluten, il est moins nourrissant que le blé, mais il est très digeste s’il est préparé de façon hygiénique et très régénérateur. Pris comme base de l’alimentation, on l’accuse de donner le béribéri. Ce reproche semble fondé ; il ne vaut toutefois que contre le riz décortiqué, n’ayant plus les cuticules qui renferment les vitamines. Sous prétexte de le rendre plus appétissant et d’une présentation plus agréable, on élimine un élément indispensable. S’il est presque impossible de se procurer du riz non décortiqué chez nous, la même difficulté n’existe d’ailleurs pas en Extrême-Orient. Fruits, légumes frais, viande crue contiennent, en outre, les vitamines dont l’organisme à besoin. Aussi le béribéri n’est-il pas à craindre en France, du moins par suite de la consommation du riz, cette dernière n’étaht que de 2 grammes et demi, eh moyenne, par tête et par jour ; en Indochine, par exemple, où elle dépasse 500 grammes, il en va tout autrement. Voici la composition du riz :

Albumine 7,75
Graisse 0,75
Hydrate de carbone     76,50
Sel 1,50
Cellulose 0,50
Eau 13,00

Avec cette céréale, on fabrique un alcool ou un vin qu’on appelle saké au Japon. En la mêlant à l’orge, on en fait une bière qui se conserve moins facilement que la bière commune. On en tire aussi une poudre de toilette, dont les élégantes font une grande consommation ; en une seule année, l’Angleterre eut besoin de 170 tonnes de cette poudre pour blanchir la peau de ses beautés insulaires. Pour la consommation, le riz de la Caroline, riche en phosphate, est le meilleur, puis vient celui du Piémont. Suivant l’origine et l’espèce, la valeur de cette céréale diffère d’une façon sensible. À notre époque, où l’abus de la viande s’avère désastreux pour les races d’Occident, il convient de ne négliger aucune des ressources alimentaires offertes par le monde végétal. Des recettes culinaires, fruits d’une longue expérience ou de recherches effectuées par des hommes compétents, permettent, d’ailleurs, d’apporter une très grande variété dans la confection des plats de riz. Mais les hommes, qui explorent volontiers les nébuleuses régions d’un au-delà chimérique, ignorent tout, habituellement, des qualités requises pour que la nourriture soit hygiénique. — L. Barbedette.


ROMAN L’origine du mot roman est dans le latin romani, nom donné d’abord aux habitants de Rome, puis à tous ceux qui parlèrent la langue latine dans l’Empire appelé la Romania ou le Romanum imperium, le monde romain. De ce latin romani sont dérivés, dans la première langue française qui se distingua du latin, les mots romans, au masculin, et romance, au féminin. Romans est devenu roman et, par analogie, romance a fait romane.

On appelle aujourd’hui romanes les langues qui sont nées de la corruption du latin. Leur domaine s’étend sur tout l’occident et une partie de l’orient en Europe, ainsi qu’en Amérique, dans les pays d’ancienne colonisation française, espagnole et portugaise. Pour Littré, les langues romanes sont les idiomes issus du latin après la chute de l’empire romain. Une interprétation plus ou moins arbitraire a fait appeler romanes les langues parlées et écrites jusqu’à la fin du xiiie siècle. L’étude des langues romanes est d’une importance considérable pour la connaissance de la formation du langage des différents peuples européens et, comme conséquence, pour celle de leur histoire et de leurs mœurs. Ces langues montrent le caractère et la persistance des éléments ethniques que la conquête romaine n’a pu étouffer sous son uniformisation.

Depuis un siècle environ, on a appliqué le qualificatif roman à l’art, l’architecture eh particulier, qui. S’est dégagé le premier du classicisme néo-grec. L’étude de l’art roman n’est pas moins intéressante que celle des langues romanes, bien qu’elle révélé moins de caractères ethniques, plus d’influences étrangères. Ces influences sont barbares dans le Nord, orientales dans le Midi. Dans certaines régions méditerranéennes, l’art appelé roman est même uniquement d’imitation byzantine.

Nous ne nous occuperons ici que du sens spécial donné ah moyen âge aux mots roman et romance. Le premier seul a conservé ce sens ; le second n’est plus employé qu’en musique. La romance est devenue la forme condensée du roman qui jadis était chanté. Il était un ouvrage de poésie ou de prose, écrit en langue romane, c’est-à-dire vulgaire, par opposition aux ouvrages écrits en latin. Son caractère était généralement profane, mais il y avait des romans religieux et il y en avait aussi d’écrits en latin. Là marque essentielle du roman était, elle est encore, son genre narratif alimenté par l’invention. Il naquit de la chanson de geste, quand celle-ci, n’étant plus uniquement un chant d’entraînement guerrier, fut devenu tout un poème, une épopée, pour la distraction de la vie de château. Il ne