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sité. Mais la poésie et l’utilité s’avèrent inspiratrices de gestes et de paroles symboliques qui s’apparentent à l’art ou aux manifestations d’une activité utile. Parfois la danse semble être très proche du rite ; et l’on doit reconnaître qu’en certaines circonstances, il est bon de pouvoir découvrir sur-le-champ ses amis. Source empoisonnée où s’alimente l’hypocrisie, la politesse, cet ensemble de rites stéréotypés, contribue cependant à rendre moins pénibles les rapports que l’on a, malgré soi, avec des gens peu sympathiques. S’en tenir aux légitimes satisfactions de l’art et aux réactions pratiques exigées par la nature ou les circonstances, voilà l’unique règle de notre comportement dans ce domaine si discuté. Les mots rites et ritualisme pourraient être biffés des dictionnaires modernes sans que nous protestions, leur origine religieuse les rendant impropres à désigner gestes et paroles qui restent dans le cadre des nécessités rationnelles ou des besoins esthétiques. Dédaigneuse des attitudes hiératiques, l’humanité doit repousser mystères et rites que lui légua la tradition.

Disons maintenant quelques mots du ritualisme anglais. En 1833, certains membres de l’Université d’Oxford : Pusey, Newmann, Palmer, Oakley, Ward, Keeble, Froude, tentèrent de faire adopter par l’Église anglicane un grand nombre de cérémonies et de dogmes que le protestantisme avait condamnés. Keeble donna le signal du mouvement dans un sermon prêché à Sainte-Marie d’Oxford. Une série de 90 traités ou tracts, publiés dans les années qui suivirent, firent connaître partout la doctrine tractarienne (c’était le nom qu’on lui donnait à cette époque).

Nous voulons, affirmait Newman, « contribuer au réveil pratique des doctrines professées par les théologiens de notre Église, mais devenues lettre morte pour la majorité de ses membres ». En parole, les nouveaux réformateurs protestaient de leur attachement pour l’Église anglicane ; en fait, ils se rapprochaient sensiblement du catholicisme romain. « Ce sont, disait d’eux Grégoire XVI, des papistes sans pape, des catholiques sans unité et des protestants sans liberté ». Les évêques anglicans condamnèrent cette tentative et interdirent la publication des tracts en 1841. Quatre ans plus tard, Newman se convertit au catholicisme ; il fut créé cardinal en 1879 par Léon XIII. Oakley, Palmer, Manning et d’autres entrèrent également dans l’Église romaine. Pusey refusa d’aller jusqu’au papisme et resta le chef de ceux qui ne voulaient pas se séparer de l’Église d’Angleterre ; jusqu’au concile du Vatican, il crut d’ailleurs qu’il était possible de s’entendre avec Rome. S’il répugnait personnellement à adopter certaines cérémonies catholiques, ses disciples n’eurent pas les mêmes scrupules. Ils admirent les sept sacrements, la confession auriculaire, la présence réelle et le sacrifice eucharistique, le culte de la Vierge ; ornements sacerdotaux, croix, cierges reparurent dans les oratoires. Le puseyisme transformait finalement en ritualisme. Entre ces « papistes déguisés » et les gardiens de la tradition nationale une lutte assez âpre s’est poursuivie longtemps. En 1859, les premiers avaient fondé l’English Church Union, les seconds créèrent en 1865 la Church Association qui combattit les innovations en matière de culte. Parlement et tribunaux sont intervenus à plusieurs reprises contre le ritualisme, sans arrêter ses progrès ; sur bien des points, les hauts dignitaires de l’Église anglicane se sont rapprochés de lui. Mais les fidèles sont restés hostiles au papisme dans l’ensemble, et la Chambre des Communes a rejeté récemment un nouveau Livre de Prières, parce qu’il faisait trop de concessions au romanisme. L’opposition à la primauté du pape demeure d’ailleurs fort vive, même au sein du mouvement ritualiste. — L. Barbedette.


RIZ n. m. Le riz est une graminée, dont la culture réclame une surveillance toujours en éveil et une

longue serre d’opérations. Semé d’abord dans un espace restreint où il germe et lève, il doit être repiqué ensuite dans les rizières, par touffes distantes de 30 à 40 centimètres. Avant le repiquage, il faut niveler le sol, le border de petits talus qui servent de chaussées, le labourer et l’égaliser avec la herse ; après, il faut inonder la rizière et maintenir l’eau à la hauteur demandée par l’état de croissance, puis opérer le vidage quand les épis son formés. Plus tard, on moissonnera à la faucille et l’on procédera au décorticage du paddy, pour extraire le grain de son enveloppe. On sème le riz au printemps ; il ne germe que planté dans la boue ; et c’est pareillement dans la boue qu’il faut le repiquer. Pendant toute sa croissance, il doit rester dans une eau qui, sans être courante, peut néanmoins se renouveler. D’où la nécessité de préparer soigneusement le terrain à l’avance, s’il n’est pas naturellement horizontal. Certaines espèces, cultivées dans les régions difficilement inondées, réclament beaucoup moins d’eau. Pour mûrir, le riz exige en outre de très fortes chaleurs. Aussi prospère-t-il dans les pays chauds et humides de la zone intertropicale, surtout dans les deltas des grands fleuves, les basses plaines littorales et les vallées submersibles. Il atteint en moyenne une hauteur allant de 70 centimètres à 1 m. 80. On compte au moins 900 variétés de riz en Indochine et 500 à Madagascar. S’il en est qui conviennent aux terrains un peu secs, d’autres, comme le riz gluant, poussent en pleine eau et peuvent atteindre 6 ou 7 mètres de hauteur.

De Chine, où elle prit naissance probablement, la culture du riz passa aux Indes, puis en Égypte, et fut importée finalement en Europe par les Arabes. On la trouve installée en Italie dès le XVe siècle ; en France, elle fut d’abord expérimentée en Auvergne, mais on l’abandonna, parce qu’au dire des médecins d’alors, le riz engendrait des épidémies. Cette céréale qui, chez nous, n’est guère utilisée qu’à titre d’aliment complémentaire, constitue le pain des races jaunes. Ce serait la plante qui nourrirait le plus d’hommes, environ 900 millions sur 2 milliards que porte le globe, d’après l’Office international de l’Agriculture. Au Japon, chaque habitant consomme une moyenne de 150 kilogrammes de riz par habitant ; à Formose et au Siam, un peu plus de 120 kilogrammes ; alors qu’en Italie, le pays d’Europe où sa culture est la plus développée, la moyenne n’atteint que 7 kilogrammes. Dans l’Inde, le brahmanisme contribue à faire du riz un élément essentiel de l’alimentation, car il proscrit l’usage de la viande. En France, il fut, pendant la guerre, l’un des succédanés employés dans la boulangerie ; mais, comme il est vendu à des prix supérieurs à celui du blé, son utilisation est redevenue très faible par la suite. Si nous ne parlons pas de la Chine, le pays qui consomme le plus de riz, c’est que l’on ne possède à son sujet aucune statistique permettant de fournir d’intéressantes précisions. On sait néanmoins qu’elle importe, annuellement, quelque 600.000 tonnes de cette céréale, par Hong-Kong, et que sa production normale laisse celle de l’Inde loin derrière elle, probablement.

Parmi les principaux pays producteurs de riz, il faut citer, outre la Chine (qui le cultive dans toute sa partie méridionale, même sur les pentes des montagnes quand l’irrigation est possible), l’Inde, la Birmanie, le Siam, l’Indochine, le Japon. La côte orientale du Dekkan les deltas du Gange et du Brahmapoutre, ceux de l’Irraouaddi et de la Salouen, du Mékong et du Sang-Koï possèdent d’immenses rizières. Dans les vastes plaines du Yunnam, on fait jusqu’à trois récoltes par an. Au Japon, la production moyenne est de 104 millions de quintaux ; elle représente 60 p. 100 de la valeur totale des produits alimentaires agricoles. On trouve aussi des rizières à Java, dans les plateaux intérieurs et sur le littoral oriental de Madagascar, dans les vallées du Nil et du Niger, dans celles du Syr-Daria