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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 4.1.djvu/6

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PAR
1972

de partageux, parce qu’on sait bien que le socialisme et les écoles qui s’y rattachent, au point de vue propriété ou répartition des richesses, ne préconisent pas le partage, mais exactement le contraire, c’est-à-dire la mise en commun.

C’est par ce mot : partageux qu’on prétendit se moquer fort des utopistes du xixe siècle qui désiraient l’application d’une juste répartition des richesses sociales et de ceux qui voulaient la mise en commun des terres et de tous les biens.

Cette épithète n’a certainement pu porter grand préjudice aux idées des penseurs sociaux ni à leurs systèmes de rénovation ou de révolution. Les partisans de la propriété, les avocats d’une si mauvaise cause (consacrée par la Révolution française), défendaient comme ils pouvaient le Propriétarisme, régime économique fondé sur la Propriété et découlant de son principe.

On ne peut, certes, pas dire que le système capitaliste, le fameux régime de l’exploitation de l’homme par l’homme, ne soit pas aussi celui du partage des richesses dues au travail. Mais c’est un partage qui se fait à l’encontre de tout bon sens et de toute équité, puisque ceux qui produisent tout ne possèdent rien, alors que ceux qui ne produisent rien possèdent tout. Ces derniers peuvent penser que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il nous appartient, ici, de démontrer que la logique et l’équité en sont absentes et que selon la juste, très juste expression de Proudhon : « La Propriété, c’est le vol ». On ne peut pas être partisan de la Propriété si l’on a le moindre respect du principe d’égalité et le moindre sentiment de justice. (Voir Propriété).

Le mot Partageux s’applique sans doute aussi, assez justement — en terme de mépris mérité — à certains faux apôtres qui dénigraient la Propriété jusqu’au jour où ils en purent jouir à leur tour par une occasion, fût-elle malpropre et par conséquent digne de leurs convictions. — Georges Yvetot.


PARTI (politique). Les partis politiques sont des organisations qui se donnent comme but de faire triompher leur opinion dans le pays. Cette opinion est exposée dans un programme que le parti propose à ceux dont il demande l’adhésion. En France, de droite à gauche, nous avons : les royalistes (Action Française), le parti national, la gauche démocratique, le parti radical, le parti républicain socialiste, le parti socialiste français, le parti socialiste S.F.I.O., le parti d’unité prolétarienne, le parti communiste S.F.I.C., etc, etc.

D’ordinaire, le nom d’un objet sert à désigner l’objet, mais en politique la vérité est le moindre souci (Machiavel). Aussi les noms des partis servent autant à cacher ce qu’ils veulent qu’à le faire connaître. Ainsi, la gauche démocratique n’est ni à gauche, ni démocratique. Elle siège à la Chambre au centre droit, son but est la conservation sociale, même la réaction ; recrutée dans la grande bourgeoisie, elle n’a rien de démocratique. Le parti radical, à ses origines, voulait réaliser radicalement, c’est-à-dire jusqu’à la racine, le programme de la Grande Révolution (Robespierre) : laïcisation intégrale, suppression de l’héritage, instruction gratuite à tous les degrés, liberté politique, assistance aux vieillards invalides, enfants, impôt progressif sur le revenu, etc… Ce programme est en partie réalisé, mais dans une mesure très faible ; la laïcité est en train de faire faillite, la religion domine à nouveau partout ; l’instruction gratuite à tous les degrés n’est pas réalisée ; la liberté politique est très relative. En réalité, le parti radical est le parti des petits bourgeois et des paysans aisés, c’est un parti de stagnation, il n’est nullement radical. Le parti socialiste n’est pas davantage socialiste. Son but est la suppression de la société capitaliste et l’établissement du collectivisme. En réalité, le collectivisme est sa dernière préoccupation.

C’est, en fait, un parti de réformes sociales qui n’a rien de subversif.

Les partis, d’ordinaire, sont sincères au moment de leur fondation ; mais ils s’usent en vieillissant, surtout lorsqu’ils pratiquent le parlementarisme et sont portés au pouvoir. Le parti socialiste anglais, porté au pouvoir, n’a pas transformé la société, et son chef, Mac Donald, à la fin, a préféré, pour tirer son pays des difficultés économiques, s’allier aux conservateurs. Le parti socialiste allemand, vieille et lourde machine, marche par sa vitesse acquise ; lui, non plus, ne transforme pas la société. Il a toutes les peines du monde à empêcher le jeune et actif parti hitlérien de prendre le pouvoir.

Le parti radical, à ses débuts (milieu du xixe siècle), renfermait des hommes dévoués. Ils allaient en prison pour leurs idées, beaucoup perdaient une situation brillante et préféraient végéter dans une profession de misère (professeurs libres), plutôt que de renoncer à leur idéal. C’est pour cela qu’on a dit que la république était belle sous l’Empire. Le socialisme a connu, lui aussi, une belle époque : Fourier, Victor Considérant, Karl Marx. Ces hommes vivaient pour leurs idées, leurs conditions matérielles étaient précaires ; la prison, l’exil, la misère étaient leur lot. Mais dès qu’un parti approche du pouvoir, il est corrompu. Le ministre socialiste qui apprend la révérence pour se présenter devant une Majesté a oublié les ouvriers qui l’ont porté là où il est.

Pas plus que les étiquettes, les programmes ne disent la vérité. Aussi sont-ils tous acceptables à la lecture. Le pire parti de réaction n’avouera jamais que son idéal est l’aristocratisation d’une petite minorité et l’exploitation de tout le reste. A l’entendre, il veut, au contraire, le bonheur du peuple, il prétend même être le seul à le vouloir sincèrement. La réaction ne s’avoue telle que dans la frénésie de la victoire : massacre du peuple en juin 1848 et en mai 1871. Dans l’ivresse du triomphe, l’aristocratie traite le peuple de vile canaille bonne à travailler et à crever. Mais dès que les choses sont redevenues normales, elle préfère cacher ses sentiments véritables et afficher une bienveillance fallacieuse.

Le fascisme, nouveau parti issu de la guerre, ne s’avoue pas non plus réactionnaire. On y trouve du syndicalisme, des idées à apparence démocratiques puisées aux ouvrages de Sorel ; il est pour les gens qui travaillent, contre les avocats bavards du parlement. En fait, il est pour l’hégémonie du grand patronat et l’écrasement de la classe ouvrière.

C’est un bon point pour le progrès social que personne ne veuille s’avouer réactionnaire et que la droite tienne à s’appeler gauche. Cela prouve la marche des sociétés vers la démocratie, marche définitive, du moins il faut l’espérer. — Doctoresse Pelletier.


PARTICIPATION n. f. (du latin : pars, partie, capere, prendre). Ce mot, qui implique l’idée, de prendre parti, d’avoir part, est d’un usage très fréquent. Entre ses multiples applications, nous en retiendrons trois : participation aux mouvements d’avant-garde, participation au gouvernement, participation aux bénéfices.

Certes, il ne peut escompter que malveillance et persécutions, celui qui lutte contre les autorités gouvernementales, religieuses, militaires, etc., celui qui se dresse contre la féodalité d’argent et les tout-puissants rois de l’or. Et, parmi ceux dont il voudrait briser les chaînes, beaucoup ne le comprendront pas. Ingratitude calomnies voilà le salaire dont on le payera fréquemment. Ne soyons pas surpris que les arrivistes s’éloignent rapidement vers les gras pâturages de la politique. Pourtant il en est d’autres, dont la vie toute entière est une magnifique leçon. Je songe à Sébastien Faure ; et certaines de ses phrases jamais ne sortiront