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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 4.1.djvu/62

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sources de compétition qui jaillissent du système politique, économique et moral de pratique actuelle. On imagine aisément les contestations et désaccords que devait fatalement provoquer, au sein de l’association phalanstérienne, cette triple attribution fixant la part du Capital, du Travail et du Talent. Il n’est pas douteux que, dans le dosage à établir, chacun de ces bénéficiaires : Capital, Travail et Talent, devait faire effort pour que la meilleure part lui fût accordée et il est certain que, quelle que soit la part attribuée à chacun de ces trois associés — cette part, fût-elle la même —aucun ne devait se trouver satisfait et que, par conséquent, chacun devait : d’une part, concevoir de l’injustice dont il se prétendait victime, une certaine irritation sourde ou avouée ; d’autre part, travailler à la réparation de cette injustice. On pouvait, on devait, dans ces conditions, dire adieu à l’Harmonie rêvée. Celle-ci s’avérait rapidement impossible.

Au sein d’un groupement, d’une association, d’une collectivité, bref d’une société quelconque, l’harmonie (c’est-à-dire l’entente, l’accord) ne peut être réalisée que par un régime se rapportant le plus et le mieux possible, à un principe égalitaire. Egalité dans l’effort à accomplir et égalité dans la satisfaction des besoins ressentis.

Je ne dis pas identité, je dis égalité. Il serait injuste et déraisonnable de demander à une personne de seize ans un travail aussi soigné et fini que celui d’une personne de trente-cinq ans, familiarisée avec la technique et les moindres détails d’une besogne professionnelle ; il serait déraisonnable et injuste d’exiger qu’un être plutôt faible — quoique bien portant — dépensât la même somme d’énergie physique qu’un être exceptionnellement vigoureux et endurant. Il serait tout aussi injuste et déraisonnable d’assigner la même limite aux besoins — d’alimentation, par exemple — de deux individus d’âge très différent, de constitution opposée ou de goût dissemblables.

Par contre, il est raisonnable et juste de demander à chacun qu’il collabore, dans la mesure de ses connaissances et de ses forces à la production commune, de lui reconnaître, en échange, la faculté de puiser dans le grand tout alimenté par l’effort de tous — le sien et celui des autres — de quoi satisfaire ses besoins.

Cette égalité dans l’effort à accomplir et dans la faculté de satisfaire les besoins éprouvés, c’est l’application de cette formule : « De chacun selon ses forces à chacun selon ses besoins ». Cette formule est spécifiquement et exclusivement libertaire. Sa mise en pratique est, seule, de nature à faire naître et à fortifier l’harmonie sociale. — Sébastien Faure.


PHALLUS. La place que tient le phallus dans l’histoire de la civilisation est immense. Tout part de lui et y revient. Il est l’alpha et l’oméga de la vie humaine. Les religions, les morales et les politiques tournent autour de lui : il en est le pivot. Le phallus, qu’est-il besoin de le dire, c’est le membre viril. Celui-ci, et sa compagne, la vulva (organes génitaux féminins), ont joué dans l’histoire un rôle primordial.

Le mot phallus viendrait d’un mot phénicien : phalou, qui signifie chose cachée, et aussi chose admirable (le verbe phala signifie, en phénicien, tenir secret). On conçoit que les premiers hommes aient vénéré leur phallus d’où sortait la vie. Ils le comparaient au Soleil, qui fécondait la terre. Dans l’art préhistorique, on trouve des phallus, associés ou non à la vulve, sur des corps humains, ou isolés d’eux, gravés et sculptés dans la pierre. L’époque aurignacienne et l’époque magdalénienne nous ont laissé de ces dessins qu’on qualifierait de nos jours de pornographiques (déesses de la fécondité, scènes de coït, phallus sur bâtons de commandement, etc.) Pendant les temps néolithiques s’élevè-

rent un peu partout les menhirs, symboles agraires et symboles érotiques tout ensemble.

L’histoire emprunta à la préhistoire le culte du phallus : Assyrie, Phénicie, Égypte ont adoré le phallus sous différents noms. Les Hébreux en parlent à chaque instant : la Bible est un livre obscène sous tous les rapports. Les Indous ont vénéré le lingam. Ensuite, les Grecs et les Romains ont célébré Priape. Le christianisme emprunta au paganisme ses croyances : Saint Foutin était une réincarnation de Priape. Les cathédrales reproduisent sur leurs portails des scènes phalliques. L’ethnographie nous fournit de nombreuses représentations du membre viril : ce sont des « idoles » qui sont de véritables œuvres d’art (sculpture africaine et océanienne). De nos jours, le culte phallique est en pleine décadence : il n’est plus que l’ombre de lui-même. La religion lui fait la guerre. La politique envisage les organes sexuels comme un moyen de remédier à la crise de la dépopulation et de préparer les futures hécatombes : le lapinisme intégral est soutenu et encouragé par l’État. La morale traque le phallus, tandis que tout, dans la vie sociale, le met, pour ainsi dire, à toutes les sauces. L’érotisme est à la fois encouragé et combattu par les Pouvoirs publics. On en arrive à une incohérence sans précédent. La plupart des maladies nerveuses proviennent d’un refoulement de la sexualité qui, dans une société renouvelée, serait considérée comme une chose normale, et, non comme un péché !

En somme, adorer le Phallus était, chez les peuples anciens, chose moins stupide que d’adorer le bon Dieu ou la Sainte Vierge. « Peut-être, écrit Voltaire, en respectant dans les temples ce qui donne la vie, était-on plus religieux que nous ne le sommes aujourd’hui en entrant dans nos églises, armés en pleine paix d’un fer qui n’est qu’un instrument d’homicide. »

Dans l’ouvrage que nous terminons sur Le Culte Phallique à travers les âges, Évolution et Signification, nous avons écrit l’histoire complète et détaillée des différents aspects sous lesquels on peut considérer le culte du phallus, et rappeler les coutumes auxquelles il a donné lieu dans l’antiquité, les temps modernes et l’époque contemporaine. — Gérard de Lacaze-Duthiers.


PHARE n. m. (latin pharus, du mot grec Pharos : île située près d’Alexandrie). On donne le nom de phare aux tours surmontées d’un fanal, établies le long des côtes pour éclairer les navigateurs pendant la nuit. Les phares ont pour but de permettre à un navire passant la nuit en vue du littoral de déterminer sa position et de tracer la route qu’il doit suivre pour arriver au lieu de sa destination ; ils servent également à rendre visibles les dangers sous-marins : récifs ou hauts-fonds. Ils consistent en de puissants appareils d’éclairage, soit électriques, à pétrole ou à huile, placés à des hauteurs convenables dans des endroits judicieusement choisis, sur des tours ou des constructions élevées à cet effet.

L’humanité s’est efforcée, depuis que la navigation maritime existe, de venir en aide aux navigateurs. Déjà Pline l’Ancien, en l’année 77, mentionne les premiers phares : ceux d’Alexandrie, d’Ostie et de Ravenne. La tour de l’île de Pharos, près d’Alexandrie, a fourni, d’ailleurs, le nom générique aux langues romanes. Mais c’est seulement au premier siècle de l’ère chrétienne qu’a commencé l’éclairage régulier des côtes. Les romains dressèrent de nombreux phares un peu partout. Le moyen âge en vit s’élever d’autres, surtout sur les côtes de la mer du Nord et de la Baltique. À notre époque les phares sont nombreux, puissants et variés. Partout où la navigation est dangereuse ; à l’entrée de chaque port important, les phares lumineux, les cloches sous-marines et les phares hertziens se sont multipliés, rendant ainsi à peu près nuls les dangers