directe, soit une inspiration quelconque. C’est avec sa raison seule qu’il veut étudier l’univers. Que vaut son étude ? Evidemment, elle est relative. Le savant, lui aussi, se sert de sa raison, mais à la base de son étude, il y a toujours les faits d’observation qu’il a constatés avec ses sens et que chacun peut constater comme lui, s’il se met dans les mêmes conditions. Le métaphysicien, enfermé dans son cabinet n’a devant lui que son papier pour écrire. S’il étudie, c’est seulement dans les livres, les pensées que les autres métaphysiciens se formaient de l’univers. Il les répète, les critique ou les combine entre elles, pour en former de nouvelles.
Est-ce là un travail inutile ? Pas complètement. La connaissance des faits ne suffit pas ; il est bon de faire des synthèses, de se demander de quoi l’univers est fait ; s’il a ou n’a pas de but, etc.
Les résultats de ces études ne sont pas il est vrai encourageants. Si la science est fertile, si, grâce à elle, on peut voler dans les airs, communiquer en quelques minutes avec toute la terre, la métaphysique est stérile. Bacon l’a comparée à une vierge consacrée à Dieu, et a dit qu’elle n’enfantait rien. La raison du métaphysicien se heurte à un mur. Il découvre que, tout étant fonction de notre esprit, nous ne pouvons rien savoir de la réalité des choses. La raison même en arrive à douter d’elle-même et l’esprit humain, en dernière analyse, se réduit à l’état de conscience présent, point psychologique, comparable au point mathématique qui n’a ni longueur, ni largeur, ni hauteur ; c’est-à-dire qui n’est rien.
Malgré ces négations, l’étude de la métaphysique n’est pas complètement inutile. Il est bon de savoir qu’en étudiant les faits, nous n’atteignons pas l’absolu, mais restons à jamais enfermés dans le relatif. La métaphysique comporte plusieurs écoles.
Le spiritualisme, comme son nom l’indigne, admet qu’au-dessus de la matière il y a l’esprit qui, tout en ayant besoin d’elle, en est indépendant. En général, le spiritualisme admet Dieu. Parfois, il le nie d’une manière honteuse. Par exemple lorsqu’il dit que Dieu est un « devoir être », qu’il n’est pas, mais qu’il sera. Autant dire que Dieu c’est le progrès et se déclarer athée.
Le matérialisme n’admet que la matière. Les religions de toute espèce se sont acharnées sur lui. On a dit qu’il était grossier, générateur de crime (les pourceaux du troupeau d’Épicure). Les charlatans religieux ne lui pardonnent pas de vouloir lui enlever leur pain et leur puissance, en portant l’humanité à se passer de leur prétendue médiation avec le divin.
Les savants officiels d’aujourd’hui, valets de la bourgeoisie, déclarent que le matérialisme est infirmé par la science, parce que la physique a découvert les ions et les électrons.
La découverte des atomes d’électricité n’infirme en rien le matérialisme. La matière, c’est ce qui est, ce que l’on peut observer, ce n’est pas nécessairement l’atome solide et insécable d’Épicure.
Le scepticisme, systèmes de Berkeley, de Hume, d’Hamilton, etc., déclare que nous ne pouvons rien savoir de la nature des choses, parce que tout est fonction de races. C’est une doctrine irréfutable mais dangereuse. Nous avons besoin de faire, à la base, un acte de foi. « Je crois au monde extérieur », mais cet acte de foi suffit ; après lui, la porte est fermée aux autres. — Doctoresse Pelletier.
PHILOSOPHIE. Le dictionnaire désigne par le mot philosophie la science générale des êtres, des principes et des causes. Au figuré, l’art de s’élever au-dessus des incidents de la vie courante. Sous ce vocable, on désigne aussi la classe, le cours où l’on enseigne la morale, la psychologie, la logique et la métaphysique.
La philosophie ancienne était l’amour de la sagesse, même chez ceux qui n’aspiraient pas à la connaissance de la vérité qui pourrait les orienter vers la connaissance de la vraie sagesse. Au xviiie siècle, la philosophie est devenue la négation de l’erreur, ou plus exactement de tout ce dont la vérité ne pouvait pas être démontrée.
L’objet de la philosophie est de répondre, par de bonnes raisons, claires et péremptoires, à la question fort simple que voici : pourquoi doit-on, quoi qu’il puisse en coûter, ne jamais nuire aux autres, soit par la violence, soit par tromperie, en leur faisant du mal, ou encore en ne leur faisant pas tout le bien qu’on pourrait leur faire. Cette question résolue, la vraie science est fondée. Alors la société s’organise rationnellement, la morale existe et devient la clé de voûte de l’édifice social.
Mais pour arriver à cet état d’esprit individuel et collectif, il faut que la philosophie enseigne par des connaissances positives établies incontestablement, qu’il n’est pas indifférent, comme résultat social, de se conduire honnêtement, de pratiquer la justice dans les actes de la vie courante.
L’amour rationnel de soi, et non l’amour passionnel, rend obligatoire le dévouement à son prochain comme condition de son propre bonheur. Il n’y a pas deux études, a dit Origène ; l’une de la philosophie, l’autre de la religion. La vraie philosophie est la vraie religion et la vraie religion est la vraie philosophie. Faut-il conclure que la philosophie de l’avenir continuera la philosophie actuelle ou l’ancienne philosophie ?
La Philosophie de l’Avenir, sous peine de rester dans la même impuissance sociale, ne doit même pas continuer les philosophies précédentes ; elle leur succédera de la même manière que le jour succède à la nuit sans la continuer.
Aux ténèbres de la nuit succèdera la lumière de vérité et de justice qui démontrera à chacun et à tous les multiples avantages de l’équité dans les rapports sociaux. La philosophie doit démontrer scientifiquement que l’Humanité récolte selon qu’elle a semé. — Elie Soubeyran.
PHYSICISME n. m. Pour expliquer les phénomènes qu’ils étudient, les biologistes et les médecins tendent de plus en plus à abandonner le terrain purement chimique. Ils font appel à la physico-chimie, à la physique, à la mécanique. Ainsi se développe progressivement la conception que, depuis des années, j’ai systématisée sous le nom de physicisme biologique.
J’insiste sur ce point. Le physicisme n’est pas une hypothèse, en vue de l’esprit. C’est une méthode de recherche positive, dont les résultats acquis conduisent à une sorte d’identification du « vivant » et du « nonvivant », des « êtres » et des « choses ». Devant ses conquêtes, disparaît l’idée d’inertie. Inversement, nulle loi d’exception ne s’applique à l’organisation. Les structures, les fonctions, les mouvements sont justiciables des mêmes procès et des mêmes énergies dans le règne biologique et dans le règne minéral. Je ne reviendrai pas ici sur ces aperçus et les faits sur lesquels ils s’appuient, les ayant largement exposés dans de nombreux articles et mémoires, et surtout dans le Dictionnaire de biologie physiciste et dans Les Horizons du Physicisme (Maloine, éditeur). Il suffira d’ajouter que chaque jour apporte à ma conception, d’ailleurs entrevue parallèlement par d’autres investigateurs, un nouvel appoint de travaux confirmatifs, dont l’ensemble permet déjà d’entrevoir l’étonnante fécondité d’une telle orientation.
C’est ainsi que le docteur Jules Regnault, dont le nom, — popularisé par l’opération qu’il pratiqua sur lui-même en 1912, — est attaché à de nombreuses recherches scientifiques poursuivies depuis près d’un tiers de siècle, vient de publier un ouvrage remarquable sur les