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Méthodes d’Abrams (Maloine, éditeur, 1927), qu’il a contrôlées, étendues, mises au point.

Albert Abrams, médecin américain d’origine israélite, mort à San Francisco en janvier 1924, a consacré toute sa carrière à l’étude des réflexes viscéraux, c’est-à-dire des réactions organiques inconscientes provoquées par des excitations nerveuses. Il en a tiré une première méthode thérapeutique, la spondylothérapie, qui emploie dans un but curatif les réflexes déterminés par des actions physiques variées, — froid, pression, courant de haute fréquence, percussion, — portant sur des points convenablement choisis au voisinage de la colonne vertébrale. Puis, il est arrivé à la médecine dite électronique, en constatant que les diverses maladies présentent une polarité caractéristique de leur énergie, dont certains réflexes, peuvent être utilisés comme « détecteurs ».

Abrams et Regnault considèrent l’économie comme un système vibrant formé d’une juxtaposition de champs électro-magnétiques. A chaque maladie répond une fréquence vibratoire déterminée, et l’expérience montre qu’en faisant traverser l’organisme par un courant de haute fréquence à période oscillatoire variable, certains rythmes provoquent des phénomènes de résonance dont on peut tirer parti pour agir sur les tissus et détruire l’état morbide. « Chaque objet, dit Abrams, a une certaine période naturelle de vibration. Si nous approchons d’un objet une source de vibration de même rythme vibratoire que lui, la vibration forcée de l’objet atteint une amplitude telle, qu’elle peut le briser ou le détruire entièrement. » C’est pour cette raison, ajoute J. Regnault, qu’un chanteur puissant, après s’être rendu compte de la note donnée par un verre de cristal, le brise facilement en poussant cette note au-dessus du verre. Par les méthodes d’Abrams, on obtient le même effet destructeur sur les cellules morbides. Il y a là, sans doute, l’une des plus notables indications curatives sur les maladies néoformantes, tuberculoses et cancers. Mais c’est également une curieuse démonstration, sur le « vivant », du physicisme biologique. Et cette démonstration prend un intérêt sans précédent de l’ingéniosité des dispositifs expérimentaux que le docteur Abrams, puis le docteur J. Regnault, — plus physicien que le « physician » américain, — ont dû successivement imaginer et perfectionner.

J’ai dit ailleurs (Horizons du Physicisme) que les lois physiques sont strictement valables pour les êtres organisés, et j’en ai cité plusieurs exemples typiques. D’après Jules Regnault, la théorie des quanta serait aussi applicable aux organes. On sait que Max Planck appelle « quanta » les quantités d’énergie minima nécessaires pour produire un effet. N’importe quelle quantité faible ne suffit pas forcément à déclencher un phénomène ; et d’autre part, une quantité plus forte que le quantum n’agit pas davantage que lui. Aussi, la Nature procède-t-elle par bonds, ce qui expliquerait les mutations brusques étudiées par Hugo de Vries. Cette loi du « tout ou rien » s’applique à la posologie des extraits organiques. Si, à une poule chaponne, on greffe quelques centigrammes de testicule, elle reste chaponne. Rien n’apparaît jusqu’à ce que la dose atteigne 0 gr. 45. Alors, explosent subitement les attributs du mâle. Une dose plus forte ne donne pas plus : la dose minima est en même temps la dose optima, c’est-à-dire la plus favorable à l’accomplissement du phénomène. Pezard a obtenu les mêmes résultats quand il a injecté du suc testiculaire frais (Les méthodes d’Abrams, p. 177).

Si l’on ajoute à ces données, toutes plus ou moins nouvelles, les travaux de J. Vallot, G. Sardou et Maurice Faure relatifs à l’influence des tâches solaires sur les accidents aigus des maladies chroniques ; ceux de Faure sur les recrudescences de morts subites provoquées par la même cause ; ceux de Jules Regnault, de

Maurice Roblot, de Franck-Duprat, de Al. Bécédéef, sur les influences cosmiques (Côte-d’Azur médicale, avril 1927), les miens, sur l’action du tourbillon terrestre et des vibrations telluriques sur l’organisation et la morphologie des animaux et des plantes (Côte-d’Azur médicale, 1924-1927), on se rend compte de l’importance croissante des considérations physiques dans l’élucidation des déterminismes biologiques. On s’aperçoit en outre que les êtres, les choses et les mondes, apparaissent aux yeux du physicien comme des juxtapositions de champs de force, — probablement de champs électromagnétiques. L’activité mécanique dérivée de ces champs de force constitue la Vie, et celle-ci est universelle, puisque inhérente à la nature même du Tout et de ses parties ; éternelle comme l’univers auquel nous ne pouvons assigner ni premier commencement, ni fin ultime ; et solidaire en vertu des inévitables influences mutuelles des champs de force.

Cette « grande vérité » du Physicisme peut seule servir de substruction, pour les esprits éclairés de notre époque, à un credo philosophique et à une morale objective. Sa mise à jour aura été, en dehors de toutes les vaines agitations de la fourmilière, la formidable révolution humaine du xxe siècle de notre ère. Elle a déjà sa phalange d’apôtres et de disciples groupés autour de notre ami F. Monier, le penseur des Lettres sur la Vie. Ce groupe d’esprits généreux et avertis, — j’ai nommé l’Association internationale biocosmique, — n’est encore qu’un jeune arbrisseau, mais gonflé de sève, en pleine croissance ; et demain, peut-être, ses rameaux élargis abriteront l’humanité d’un tutélaire ombrage. — Albert Mary.


PHYSICO-CHIMIE, PHYSICISME BIOLOGIQUE. Longtemps, physique et chimie restèrent séparées. La première, disait-on, étudie les propriétés générales des corps, les phénomènes superficiels et passagers qui n’altèrent pas leur structure intime ; la seconde étudie les phénomènes profonds qui modifient leurs qualités constitutives et permanentes. Ainsi, la chaleur, phénomène physique, n’enlève pas aux corps leur individualité propre : leurs caractères primitifs reviennent dès qu’elle a disparu. Quand l’oxygène et l’hydrogène se combinent pour donner de l’eau, le fait s’avère d’ordre chimique, au contraire, car il suppose une durable métamorphose. Présentement, la physique est définie la science des transformations de l’énergie, la chimie celle des transformations de la matière. Mais les barrières établies entre elles disparaissent graduellement ; dans certaines branches particulières, leur fusion est un fait accompli. Une science jeune, qui déjà compte à son actif d’importantes et nombreuses découvertes : la physico-chimie, étudie les phénomènes que peuvent également revendiquer le chimiste et le physicien. Toutes les recherches chimiques effectuées par des procédés physiques, celles d’un Curie, d’un Perrin, d’un Millikan par exemple, rentrent dans son domaine. Théorie électronique de la matière, structure intime de l’atome, mouvement brownien et, d’une façon générale, ce qui concerne la dynamique intra-atomique, voilà les sujets qui, à l’heure actuelle, retiennent de préférence son attention. Et, si elle doit nous arrêter, c’est à cause de ses résultats théoriques, plus remarquables encore que les applications pratiques, pourtant prodigieuses, dont elle est la source. Dès aujourd’hui, la physico-chimie permet de répondre à ces questions, considérées par les philosophes comme essentiellement métaphysiques : qu’est-ce que la matière, d’où vient notre univers et quelle sera sa destinée, comment naissent et meurent les mondes ? En un mot, au problème longtemps énigmatique de l’origine première, elle fournit une solution. Preuves, entre bien d’autres, que l’inconnaissable des positivistes n’est tel que provisoirement et, qu’avec un peu de patience, la raison appuyée sur l’expérience