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leur caractère d’imprécision d’une part et l’indétermination des sanctions éventuelles contre l’agresseur d’autre part, suffisent à en paralyser l’essor sinon à en ruiner l’efficacité.

V. Le caractère véritable de la sécurité. — Qu’il nous soit permis, au terme de notre démonstration, de dénoncer l’erreur que constitue la recherche de la sécurité sur le plan de la force militaire. Matérialisme aussi décevant que vain ! La sécurité — étymologiquement d’ailleurs — est essentiellement un état de fait moral. La sécurité est fonction d’éléments psychologiques ou intellectuels. La sécurité sera acquise le jour où chaque individu, dans chaque nation, possèdera la certitude confiante qu’aucun pas ne veut ni ne peut l’attaquer brusquement. Or, les armements menacent cette sécurité intérieure précisément parce qu’ils sont la cause déterminante de la méfiance. Armer, c’est diviser les peuples. Armer, c’est surexciter leur inquiétude. Armer, c’est les dresser, demain, les uns contre les autres.

Car l’angoisse présente du monde réside, en dernière analyse, dans le sentiment de l’existence d’un redoutable armement universel et dans la crainte douloureuse qu’il inspire. Seule, sa disparition permettra la sécurité qui, dans le même temps, désarmera les cœurs comme elle aura désarmé les bras. C’est là que réside le problème de la véritable sécurité.

En conclusion, à la vieille conception latine et juridique de la paix — la justice portant un glaive, — nous opposons, sur ce plan particulier, notre conception éthique de la paix et l’action incoercible de la conscience humaine ; aux armées nationales ou internationales, survivances brutales du passé, la pression des forces intérieures, symbole d’un radieux avenir.

Notre sécurité ne repose pas sur des armements ou des sanctions extérieures, mais sur un état psychologique générateur de confiance. Et c’est dans la révolte de la conscience individuelle que réside notre suprême espoir !

Arbitrage, Sécurité, Désarmement, dit M. Paul-Boncour ? Allons donc ! Il faut réaliser le désarmement d’abord qui engendre la sécurité et permet seul un fonctionnement harmonieux de l’arbitrage.

Le reste est indigence coupable ou habileté politicienne. — R. Jospin.


SÉISME n. m. (du grec séismos). Un séisme est un tremblement de terre ; c’est le nom donné à toute secousse imprimée au sol par un effort interne. C’est un épisode violent qui se produit dans le phénomène des contractions lentes de l’écorce terrestre.

Les séismes plus ou moins brusques, sont généralement de très courte durée (40 à 50 secondes) mais les secousses peuvent se renouveler à intervalles très rapprochés et cela pendant des jours, des semaines et même des mois. Aux îles Sandwich, il a été enregistré en 1868, deux mille secousses durant le mois de mars. L’intensité des séismes est très variable. Parfois ils sont si faibles que seuls, des appareils spéciaux peuvent les déceler. Par contre, ils peuvent être si violents qu’ils bouleversent en quelques secondes des régions entières, détruisant des villes, faisant surgir des îles, des montagnes.

Les mouvements sont de trois genres : horizontaux, verticaux et ondulatoires. Les derniers sont les plus fréquents. La nature des secousses dépend de la position du centre de poussée par rapport au point qui subit le séisme. Des observations récentes tendent à démontrer que ce centre de poussée se situerait entre cinq et vingt kilomètres au-dessous de la surface du sol. Les poussées horizontales et verticales sont moins dangereuses que les poussées ondulatoires. Les premières se caractérisent par la projection à une hauteur plus ou moins grande, des objets, des personnes et

parfois des habitations. Les secondes renversent tout de côté. Les dernières impriment à la surface du sol un mouvement analogue à celui de la vague et disloquent puissamment l’écorce terrestre.

Quelle que soit la nature des secousses, elles amènent volontiers la production de crevasses qui affectent la forme de longues lézardes ou qui ont une disposition étoilée. Ces crevasses atteignent parfois plusieurs kilomètres de longueur. Les unes se referment, les autres restent béantes jusqu’à ce qu’elles soient comblées par des éboulements… Parfois les tremblements de terre s’accompagnent de dénivellations ou rejets qui s’établissent toujours entre des assises géologiques différentes. Le séisme de 1891, au Japon, fit naître une dénivellation brusque de 6 mètres sur une longueur de 112 kilomètres, au milieu de terrains auparavant de plain-pied.

Les tremblements de terre, produisent quelquefois de véritables effondrements. En 1819, dans le delta de l’Indus, le district du Grand-Rhünn s’abîma dans la mer d’Oman, formant un golfe immense de 5 mètres de profondeur. Ailleurs, les séismes amènent des soulèvements désastreux, tel celui du port de Népou, en 1855, qui s’est entièrement vidé.

Les secousses sismiques sont peu sensibles en mer. Mais la translation des ondes sismiques donne lieu à la production des raz de marée. Les eaux de l’océan après s’être retirées, sous l’influence de la secousse, durant un laps de temps qui peut atteindre 24 heures, en découvrant une partie plus ou moins vaste des fonds sous-marins, reviennent violemment en une vague gigantesque, haute parfois de 30 mètres, qui, montant à l’assaut des côtes, balaye des pays entiers en détruisant tout sur son passage.

La portion d’un pays secoué par un tremblement de terre, peut comprendre une vaste étendue. Certains séismes ont secoué des portions de pays couvrant près de 400.000 kilomètres-carrés.

Les secousses sont dites « linéaires » quand elles se propagent sur une ligne bien nette, en ne perturbant qu’un espace très étroit. Elles sont dites « centrales » lorsqu’elles rayonnent autour d’un centre nommé « épicentre » et qu’elles vont en s’atténuant à mesure qu’elles s’en écartent. Les ondes sismiques se propagent avec une grande rapidité. Le maximum enregistré donne comme vitesse de déplacement 5.200 mètres par seconde. Cette vitesse paraît être exceptionnelle. Aujourd’hui, les séismographes, appareils très sensibles, mis à l’abri des vibrations extérieures dans des sous-sols profonds, inscrivent en blanc sur un fond noir les vibrations qu’ils ressentent. Enregistrant instantanément les tremblements de terre, quel que soit l’endroit où ils se produisent, ils permettent de situer immédiatement le lieu et l’importance du séisme.

En général, les tremblements de terre sont accompagnés d’un bruit qui rappelle le roulement du tonnerre. Il arrive cependant que la secousse sismique est insensible et qu’on en perçoit seulement le bruit. Les séismes résultent autant de l’affaissement de la croûte terrestre sur le noyau central que des poussées volcaniques. Ils sont plus fréquents en certaines régions que dans d’autres. Mais il est impossible d’affirmer qu’il existe une région du globe, terrestre ou marine, qui soit à l’abri d’un tremblement de terre. Ces actions souterraines se font sentir dans les contrées les plus différentes, parmi les terrains géologiques les plus divers, sous les climats les plus opposés. Pourtant, certaines formations sont rebelles à la propagation des ondes sismiques. Ce sont les couches épaisses d’alluvions et de terrains meubles. Alors que la transmission se produit avec violence dans les roches compactes et surtout à la jonction de terrains géologiques différents, elle perd toute violence dans ces terrains meubles. Nonobstant cela, il n’est pas de contrées qui n’aient été