Aller au contenu

Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art antique, 1926.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tures barbarement enluminées, éblouissantes et bizarres comme des oiseaux des tropiques, ont la forte saveur des femmes d’Orient, fardées, parées, peut-être assez vulgaires, fascinantes pourtant, lointaines, des êtres de conte, des animaux puérils, des esclaves gâtées. Elles sont belles. Nous les aimons d’une tendresse qui ne peut pas s’épuiser. C’est de leurs flancs étroits et fermes qu’est sorti notre labeur.

Elles ont contribué à renverser les notions singulières qu’avait ancrées en nous l’idéalisme d’école pour qui le marbre immaculé et le calme des attitudes est depuis trois cents ans l’emblème sentimental d’une sérénité qui n’est qu’apparente et exprime la réaction d’une énergie toujours tendue à surmonter l’horreur des convulsions et des guerres qui dévastent les cités. La couleur ne va pas sans mœurs violentes et louches. Jusqu’à l’épanouissement complet de son art en tout cas, et probablement jusqu’à sa chute, la Grèce a peint tous ses dieux. Bariolés de bleus et de rouges, vivants comme des hommes et des femmes, ils s’animaient avec le jour, ils participaient aux surprises et aux fêtes de la lumière, ils remuaient au fond de l’ombre commençante. Ils appartenaient à la foule qui grouillait au pied de l’Acropole, la foule des ports d’Orient, affairée, bruyante, familière, ils sortaient des ruelles sales où des chiens errants se disputent des débris