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Les Villes Mogholes

leurs étroites ouvertures ne sentent plus depuis des siècles la caresse des mains furtives et cupides de Jodh Baï, la zadjput, la princesse indoue que son frère força à épouser Akbar, l’ennemi de sa race, et qui mit au monde un Empereur Moghol : Jehangir.

La rivière Jumna s’épand toujours au pied des Zénanas ; comme jadis, dans ses flots reposants et sacrés, des pèlerins viennent se purifier : leurs chariots, leurs tentes sont semblables, leur vie identique à celle des fidèles du passé, mais Makli, la « begum » poète qui disait en vers harmonieux leurs pieux transports, ne se couche plus rêveuse et ardente sous les colonnettes des loggias, suivant de ses yeux clairs le vol des ramiers dans la plaine. Témoignant de l’inanité de toutes les puissances humaines et de l’inutilité de leurs efforts pour survivre, une baie s’ouvre sur la campagne, morne dans sa blancheur froide, c’est là que Shah Jehan mourant, dépossédé par un fils rebelle, se fit porter pour rassasier sa vue finissante des lointains embrumés qui estompent encore, l’œuvre de sa vie, le monument élevé par sa tendresse à une épouse favorite : Le Taj Mahal.