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Un Souverain Maratte

concédées, par leur caste, aux femmes Marattes : elle voyage, elle monte à cheval dans le parc de Makrapura, clôturé et affecté spécialement à son usage, enfin elle chasse et passe pour le premier fusil féminin de l’Inde, où cependant ils ne sont pas rares. Il semble que ces talents cynégétiques soient dons héréditaires de sa maison ; elle me dit très simplement qu’une de ses nièces, âgée de dix ans, a déjà abattu un tigre, un bison et quantité de menu gibier.

Le Gaikwar paraît très fier de sa femme, il recourt incessamment à sa mémoire et à ses souvenirs lorsqu’un détail de ses voyages européens lui échappe.

Avec une grande justesse d’appréciation, elle émet ses opinions, en anglais correct, conservant néanmoins dans la langue étrangère, la tournure pittoresque des idiomes orientaux. En écoutant sa parole un peu brève rappeler, en les comparant, les impressions que lui causèrent le Kremlin, la Giralda et la Tour Eiffel, il est difficile, impossible même, de se figurer cette femme soumise aux croyances fabuleuses de ses sœurs les recluses ; on se surprend à vouloir pénétrer son âme, afin d’y déchiffrer le secret des conflits qui doivent s’élever entre sa brillante intelligence et son impérieuse conscience courbée sous le joug étroit d’un ascète grossier, un mendiant pèlerin, dont elle va souvent visiter l’ermitage élevé par ses soins au bord d’un lac de lotus.