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À Travers l’Inde en Automobile

Les prêtres, moyennant une aumône, laissent les voyageurs libres de circuler à leur aise autour de l’image.

À partir de l’Ambu Mata, des escaliers suivent la crête de la montagne ; ils s’infléchissent, se relèvent, s’encastrent fidèlement dans les dentelures du roc. Une aiguille de granit, terminée par le trident de Vichnou qu’un « jogui » y a planté est le point culminant de la chaîne. Sa base se divise en une voûte composée de deux tronçons entre lesquels un corps humain a peine à se faufiler. L’ascète qui vit sur ce sommet magnifique l’appelle le « Pas du Péché », et nous engage gravement à essayer de le traverser ; si nous réussissons, nous échapperons aux futures réincarnations. Sinon, nous serons condamnés à renaître pendant des milliers d’années. Debout, le bras levé, les traits émaciés, le regard sublime, sa tête effleurant presque le firmament, ayant à ses pieds les vallées immenses, l’image de cet ermite domine tous mes souvenirs du Girnar, il m’apparaît comme le génie de la religion indoue dont l’influence a consacré aux dieux les plus beaux sites de cette sauvage nature.