patriarcal ; mais la véritable autorité, celle qui brise toutes les volontés et règle les plus minutieux détails de ménage, la force, l’honneur, la tête de la maison, c’est la mère de Raghunat. Cette vieille femme est le type des matrones Indoues pour lesquelles le respect de leur fils et la soumission complète de leurs petits-enfants, belles-filles, belles-sœurs et neveux, devient la légitime compensation de la déférence outrée qu’elles doivent à leurs époux. Dans un intérieur indou, la mère incarne la toute-puissance. Derrière les rideaux de son zénana, c’est elle qui dirige le roulement matériel de la vie journalière, c’est elle qui arrange les alliances matrimoniales, ou qui décide les pèlerinages ; son mari ou son fils n’entreprennent aucune affaire sans la consulter. Enfin et surtout, les femmes sont en Bengale, plus particulièrement, les grandes conservatrices, les ennemies des innovations européennes, les gardiennes charmantes des dieux et des usages. La mère de Raghunat m’accueille avec une grande dignité ; son « sarri » de veuve sans bordure, tout blanc, sied bien à son teint d’ivoire pâle, ses bras admirablement ronds ont été dépouillés de bracelets à la mort de son mari, elle ne porte plus qu’un simple cercle d’or au coude pour la préserver, ainsi que ceux qu’elle aime, de tous les maléfices.
Bien qu’elle ait près de quarante ans, ses lisses bandeaux