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En Bengale


La Famille d’un Koït, caste des écrivains

Une habitation de pauvres, dit-il, une famille villageoise, honorable, à la vie modeste et uniforme ; la vie que mènent encore des milliers d’Indous en ce siècle de bouleversement où l’on coudoie en chemin de fer les castes impures et à une époque où les « deux fois nés » traversent l’eau noire, la mer défendue, pour aller passer des examens parmi les « sahebs » qui mangent du bœuf, l’animal sacré et boivent les liqueurs intoxicantes interdites par les divins « Shrastras » des Védas.

Ranaghat est un bourg, comme tous les villages du Bengale, bâti en boue sèche, plane comme du ciment. La rue principale s’étend parallèlement à la rivière entre des maisons basses dont les jardins laissent tomber par-dessus les murs ternes, les larges feuilles des bananiers dont les énormes grappes font rêver d’un paradis plantureux et fermé. C’est là qu’habite Raghunat, dans une grande cour close de palissades dilapidées par les âges et les moussons. Suivant l’usage indou, il vit avec tous les membres de sa famille paternelle : ses frères, ses oncles, ses cousins. Il est l’ainé de la maison, par conséquent le chef apparent de ce cercle