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LE TIBET

devoirs religieux et on festoie pendant plusieurs jours.

Il n’y a là cependant qu’un commencement d’union si le mari a des frères, car tous deviendront aussi les maris de la même femme. Il en est ainsi au Tibet : des frères n’ont jamais qu’une seule épouse ; on prétend même que l’usage existe également pour des proches parents qui ne sont pas frères. On a proposé plusieurs explications pour cette coutume singulière appelée polyandrie[1] (pluralité des maris). La plus généralement admise est celle qui l’attribue au désir de ne pas morceler les héritages.

Il paraît que la polyandrie n’empêche pas la polygamie ordinaire, et que les riches au Tibet se donnent le luxe d’avoir plusieurs femmes.

Condition des femmes. — Les femmes jouissent au Tibet d’une liberté qu’elles ne connaissent ni en Chine ni dans l’Inde. Elles vont et viennent sans entraves ; leur principale occupation, outre les soins du ménage, est de tisser la laine. Ce sont elles surtout qui fabriquent les pou-lou dont on fait un si grand usage au Tibet et dans les pays voisins. On assure que, par ordre supérieur, elles ne sortent pas sans se couvrir la figure (au moins

  1. Nom proposé par George Bogle. Narratives of the mission of G. Bogle etc, by Clements R. Markham, p. 122.