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MŒURS. CARACTÈRE

à Lha-sa), d’un vernis destiné à empêcher la séduction que leurs charmes seraient capables d’exercer, mais que c’est là un impuissant palliatif et que les mœurs n’ont rien gagné à l’emploi de ce substitut du voile traditionnel.

Sépulture, funérailles. — La sépulture ordinaire consiste à donner les corps morts en pâture aux chiens, aux animaux sauvages et surtout aux oiseaux de proie. Les cimetières sont des plates-formes choisies ou préparées sur des lieux élevés de manière que l’on puisse y jeter facilement les corps ; et l’on y pratique même des sentiers pour en faciliter l’accès aux animaux. Quelquefois on porte les morts dans un lieu désert, de préférence sur le sommet de quelque montagne. Il paraît que souvent on coupe les corps en morceaux que l’on distribue aux chiens ; les restes du repas de ces animaux sont ensuite jetés dans le fleuve voisin.

Ce mode d’ensevelissement, qui répugne si fort à nos mœurs, peut tenir en partie à la rareté du bois dans le pays ; mais il est en parfaite harmonie avec la croyance des Tibétains. Selon eux, le corps mort est un habit usé qu’on laisse pour en reprendre un neuf. Cet habit qu’on a quitté n’a plus aucune valeur, ne peut plus rendre aucun service, et il y a même du mérite à en faire profiter d’autres êtres. Ce genre de sépulture n’exclut pas d’ailleurs le respect pour les morts que l’on pleure, et dont on