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LE TIBET

dha a prescrit à ses disciples des habits jaunes ; mais du jaune au rouge, en passant par l’orangé, il y a une multitude de nuances. Or, l’habillement des religieux avait pris une teinte rougeâtre dans la dernière moitié du xive siècle, et surtout, ce qui est plus grave, un grand relâchement s’était manifesté dans les mœurs. Les moines se mariaient sans vergogne ; la nécromancie et des superstitions méprisables avaient envahi la confrérie du Bouddha. Un énergique réformateur, Tsong-ka-pa, protesta contre ces altérations, fit refleurir le célibat, et les anciennes mœurs, restaura la discipline et donna, comme marque distinctive de ce retour aux enseignements du Bouddha le retour à la couleur jaune dans l’habillement des moines.

L’influence de Tsong-ka-pa fut immense, et la grande majorité des moines adopta sa réforme. Quelques obstinés résistèrent et gardèrent la couleur rouge. Aujourd’hui, la différence fondamentale des deux sectes n’est plus aussi tranchée qu’autrefois ; la plupart des abus combattus par Tsong-ka-pa ont reparu ou sont remplacés par d’autres équivalents. Les deux sectes n’en subsistent pas moins ; la rouge s’est surtout conservée au Népâl et au Boutan. La jaune domine sans conteste au Tibet ; mais il y reste quelques adeptes du bonnet rouge ; et le célèbre couvent de Sa-Skya est le principal représentant de cette secte.