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MOINES ET LAMAS

successives). On leur donne vulgairement en Chine le nom de « bouddhas vivants », expression très impropre. Les bouddhas ne reviennent pas à la vie. Ces personnages, qui sont précisément honorés parce qu’ils y reviennent, ne sont donc pas, ne peuvent pas être des bouddhas ; ils doivent seulement le devenir : ce sont des bouddhas en herbe. Mais le vulgaire ne fait sans doute pas de différence entre celui qui est Bouddha actuellement et celui qui doit l’être un jour.

Quand un de ces personnages est mort, on attend qu’il renaisse ; sa place reste vacante. Au bout d’un certain temps, on apprend qu’il est rené en tel endroit : c’est un enfant de deux ou trois ans. On lui fait alors subir un examen plus ou moins important pour s’assurer qu’il est bien l’individualité que l’on cherche ; on lui fait, par exemple, reconnaître les objets qui lui ont appartenu dans sa précédente existence : après quoi, on le met à la place du défunt. Avec un pareil système, il n’y a pas de décès du dignitaire sans que la dignité subisse un interrègne et une minorité.

On dit qu’il existe, dans le monde lamaïque, cent cinquante à deux cents de ces « bouddhas vivants. » Tous n’ont pas la même importance ; la considération qu’ils obtiennent tient à la personnalité dont ils sont l’incarnation supposée. Le premier de ces personnages extraordinaires est le