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LE TIBET

Talai) mot mongol qui signifie « océan », sert à désigner ce lama parce que le terme océan (océan de vertus, océan de qualités) entrait dans le nom, généralement fort compliqué, de ces pontifes. L’emploi de ce mot dalaï rappelle que les Mongols ont été les plus fermes appuis du grand-lama et sont demeurés ses plus fervents adorateurs.

La réception des visiteurs qui viennent de toutes les parties du monde lamaïque est une des principales occupations de ce personnage. Il est assis sur des coussins empilés. Les dévots se présentent avec leurs dons ; car on ne peut venir que les mains pleines. Un serviteur chargé de recevoir l’offrande délivre en retour le présent du Lama. Alors les adorateurs s’approchent du trône, prosternés la face contre terre (c’est le salut des pieds avec la tête qu’on offrait d’ordinaire à Çâkyamouni). Le lama leur touche la tête avec la main ou avec une touffe de soie fixée à l’extrémité d’une baguette, et les dévots se retirent heureux de la faveur qui leur a été accordée et de la bénédiction qu’ils ont reçue.

Nul n’est exclu pour cause de pauvreté, et le lama reçoit les dons les plus minimes ; mais on lui en fait beaucoup de fort riches. Les objets qu’il donne en retour sont toujours de mince valeur ; et l’on peut dire que, tout compensé, l’échange est à son profit ; il donne un œuf et reçoit un bœuf.