Page:Feller - Dictionnaire historique - 1818 - T01-AA-AAZ.djvu/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
______________________________________


AVERTISSEMENT

de l'édition de 1781.
_____________

IL n’y a peut-être pas, dans le monde littéraire, d’ouvrage plus essentiel, d’un usage plus habituel et plus indispensable qu’un Dictionnaire historique ; et nous n’en avons pas qui remplisse ce titre. Le Moreri, déjà embarrassant par sa masse, est tombé dans un discrédit mérité, par l’incurie ou l’impéritie des rédacteurs, et la multitude incroyable de fautes en tout genre qui en sont une suite inévitable. Malgré l’énormité de l’ouvrage, l’histoire des derniers tems, sur-tout l’histoire littéraire, y manque presque entièrement.

Le Dictionnaire de Ladvocat, resserré dans un espace trop étroit, est absolument dénaturé par les dernières éditions qu’on en a faites tant à Paris, qu’en Suisse et en Hollande ; dans lesquelles on s’est attaché à substituer le langage de la passion ou du préjugé, à l’équité et l’impartialité qui d’abord avaient distingué cet ouvrage.

Un autre Dictionnaire a paru sous les auspices d’une Société de Convulsionnaires, quoique publié sous le nom d’un seul (a[1]). Instruits autant que le fanatisme le leur a permis, dans les détails des malheureuses querelles qui ont désolé l’église de France, occupés presqu’exclusivement de ces matières chéries, indifférens a l’égard de tout le reste, trop enthousiastes pour rechercher paisiblement le vrai (a[2]), ils ont fait un martyrologe de secte, plutôt qu’un Dictionnaire historique.

Une société de gens de lettres a mieux réussi, si l’on en juge par la vogue étonnante dont leur ouvrage a joui, & dont il jouit encore. Les défauts les plus graves n’ont pas préjudicié à sa circulation, parce qu’il w’y a pas moyen de le remplacer, & que faute de mieux, il faut bien se contenter de ce que l’on a. Les rédacteurs eux-mêmes ont senti combien cette compilation méritait peu l’approbation des gens instruits. Ils viennent d’assurer le public, que dans la nouvelle édition de 1779, on a corrigé toutes les fautes qui défiguraient les précédentes. Cependant presque tous les endroits qui avaient

  1. (a) L’abbé Barral.
  2. (b) On voit un catalogue de quelques bévues de cette compilation prises au hasard, dans la Préface des dernières éditions de Ladvocat. La plupart sont plaisantes, & semblent avoir été imaginées pour divertir le lecteur.