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DÉSENCHANTEMENT.


Adieu, — ne blâmez point mon exil volontaire ;
Le monde et ses flatteurs ne m’offrent plus d’attraits,
Qu’importe un vain éclat ? — Pour l’âme solitaire,
Chaque plaisir est un regret.

Un triomphe isolé ressemble au météore
Dont l’éclat fugitif brille un moment — et fuit.
Dans le vide d’un cœur la gloire est trop sonore….
Sans écho, sa voix n’est qu’un bruit.

Misérable destin ! — Quoi ! vivre sans son âme,
Méconnaître l’amour, et toujours le rêver ;
Parler, sans s’émouvoir, un langage de flamme ;
Peindre un bonheur, sans l’éprouver !