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CÉCILE.

ÉPISODE D’UN POÈME INTITULÉ : MA MÈRE.


Souvent dans mon enfance elle aimait à me dire
Une histoire naïve, inimitable à l’art,
Mais touchante et sublime, alors que son regard,
Son geste, son accent, son céleste sourire
Peignaient des sentimens que l’art ne peut décrire,
Et qui de son récit jaillissaient au hazard.
Elle avait une sœur, vierge candide et pure,
Qui tenait plus de Dieu que de la créature,
Ange qu’à son amour ravit un prompt trépas,
Qui glissa sur la terre, et qui n’y toucha pas.
Jamais esprit plus pur, jamais formes plus belles ;
Elle avait tout d’un ange, âme et corps moins les ailes,
Les ailes, qu’en venant vers nous elle quitta
Pour les trouver aux cieux, quand elle y remonta.
Elle est morte à quinze ans dans une paix profonde,
Avant d’avoir ouvert son âme chaste au monde ;
Morte, ne connaissant que le toit paternel,
Que l’église des champs dont elle ornait l’autel,