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Deviez-vous embrasser une lâche espérance,
Coupables habitans des rives du Jourdain ?
Pourquoi de nos vengeurs enchaîner la vaillance ?
L’ennemi, redoutant leur généreux effort,
Criait : La paix ! la paix ! Il apporte la mort.
Toi, que Dieu remplissait de sa majesté sainte,
Temple dont Salomon avait tracé l’enceinte,
L’airain, le marbre, l’or qui couvraient tes parvis,
Par l’indigne vainqueur à mes yeux sont ravis ;
La pitié n’entre pas dans son âme cruelle,
Il frappe et l’épouse et l’époux ;
Le débile vieillard, l’enfant à la mamelle,
Le lévite lui-même expirent sous ses coups.
Déplorable héritier du plus illustre trône,
L’infortuné Sédécias,
Conduit esclave à Babylone,
Au fond d’un noir cachot va subir le trépas.
Nul ami n’entendra sa plainte et sa prière,
Nul ami n’aura soin de son heure dernière.
O mes pleurs, ne tarissez pas,
Mouillez jour et nuit ma paupière.

Voilà, voilà le fruit de tes iniquités,
Sion ! de l’Éternel tu bravas les paroles ;