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UNE NUIT D’EXIL.


D’un jour d’exil sonne la dernière heure,
Autour de moi tout, hélas ! dort en paix ;
Je veille seule en ma triste demeure,
Seule, livrée à d’éternels regrets.

Je pense à toi, bon et généreux père,
Dès ton automne au cercueil descendu !
Je pense à vous, ami noble et sincère,
Vous, égorgé, sous mon œil éperdu !

Je vois toujours cet échafaud horrible
Qu’à la vertu le crime osa dresser ;
J’entends toujours l’adieu qu’un cœur sensible
Dut tant souffrir de ne point m’adresser !

Depuis ce coup, qui m’eût ôté la vie,
Si le chagrin nous ouvrait le tombeau,
Chaque moment de ma longue agonie
Me vit gémir sur un revers nouveau.