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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/166

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LIVRE vii.

loir subjuguer les autres. C’est ce qui fait une paix profonde entre eux et leurs voisins.

Adoam finit ce discours en racontant de quelle manière les Phéniciens faisaient leur commerce dans la Bétique. Ces peuples, disait-il, furent étonnés quand ils virent venir, au travers des ondes de la mer, des hommes étrangers qui venaient de si loin. Ils nous laissèrent fonder une ville dans l’île de Gadès ; ils nous reçurent même chez eux avec bonté et nous firent part de tout ce qu’ils avaient, sans vouloir de nous aucun payement. De plus, il nous offrirent de nous donner libéralement tout ce qu’il leur resterait de leurs laines, après qu’ils en auraient fait leur provision pour leur usage : et en effet, ils nous en envoyèrent un riche présent. C’est un plaisir pour eux, que de donner aux étrangers leur superflu.

Pour leurs mines, ils n’eurent aucune peine à nous les abandonner ; elles leur étaient inutiles. Il leur paraissait que les hommes n’étaient guère sages d’aller chercher par tant de travaux, dans les entrailles de la terre, ce qui ne peut les rendre heureux, ni satisfaire à aucun vrai besoin. Ne creusez point, nous disaient-ils, si avant dans la terre : contentez-vous de la labourer ; elle vous donnera de véritables biens qui vous nourriront ; vous en tirerez des fruits qui valent mieux que l’or et que l’argent, puisque les hommes ne veulent de l’or et de l’argent, que pour en acheter les aliments qui soutiennent leur vie.

Nous avons souvent voulu leur apprendre la navigation, et mener les jeunes hommes de leur pays dans la Phénicie ; mais ils n’ont jamais voulu que leurs enfants apprissent à vivre comme nous. Ils apprendraient, nous disaient-ils, à avoir besoin de toutes les choses qui vous sont devenues nécessaires : ils voudraient les avoir ; ils