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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/378

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LIVRE xv.

va, enfant, va parmi les ombres chercher ton père. En disant ces paroles, il lève sa massue noueuse, pesante, armée de pointes de fer ; elle paraît comme un mât de navire : chacun craint le coup de sa chute. Elle menace la tête du fils d’Ulysse ; mais il se détourne du coup, et s’élance sur Périandre avec la rapidité d’un aigle qui fend les airs. La massue, en tombant, brise une roue d’un char auprès de celui de Télémaque. Cependant le jeune Grec perce d’un trait Périandre à la gorge ; le sang qui coule à gros bouillons de sa large plaie étouffe sa voix : ses chevaux fougueux, ne sentant plus sa main défaillante, et les rênes flottant sur leur cou, s’emportent çà et là : il tombe de dessus son char, les yeux déjà fermés à la lumière et la pâle mort étant déjà peinte sur son visage défiguré. Télémaque eut pitié de lui ; il donna aussitôt son corps à ses domestiques, et garda, comme une marque de sa victoire, la peau du lion avec la massue.

Ensuite il cherche Adraste dans la mêlée ; mais, en le cherchant, il précipite dans les enfers une foule de combattants : Hilée, qui avait attelé à son char deux coursiers semblables à ceux du Soleil, et nourris dans les vastes prairies qu’arrose l’Aufide ; Démoléon, qui, dans la Sicile, avait autrefois presque égalé Éryx dans les combats du ceste ; Crantor, qui avait été hôte et ami d’Hercule, lorsque ce fils de Jupiter, passant dans l’Hespérie, y ôta la vie à l’infâme Cacus ; Ménécrate, qui ressemblait, disait-on, à Pollux dans la lutte ; Hippocoon, Salapien, qui imitait l’adresse et la bonne grâce de Castor pour mener un cheval ; le fameux chasseur Eurymède, toujours teint du sang des ours et des sangliers qu’il tuait dans les sommets couverts de neige du froid Apennin, et qui avait été, disait-on, si cher à Diane, qu’elle lui avait appris