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TÉLÉMAQUE.

vous manquera de parole ; il vous réduira bientôt à cette extrémité, qu’il faudra ou que vous le fassiez périr, ou qu’il vous accable. N’est-il pas plus utile, plus sûr et en même temps plus juste et plus noble, de répondre fidèlement à la confiance des Dauniens, et de leur donner un roi digne de commander ?

Toute l’assemblée fut persuadée par ce discours. On alla proposer Polydamas aux Dauniens, qui attendaient une réponse avec impatience. Quand ils entendirent le nom de Polydamas, ils répondirent : Nous reconnaissons bien maintenant que les princes alliés veulent agir de bonne foi avec nous, et faire une paix éternelle, puisqu’ils nous veulent donner pour roi un homme si vertueux, et si capable de nous gouverner. Si on nous eût proposé un homme lâche, efféminé et mal instruit, nous aurions cru qu’on ne cherchait qu’à nous abattre, et qu’à corrompre la forme de notre gouvernement ; nous aurions conservé en secret un vif ressentiment d’une conduite si dure et si artificieuse : mais le choix de Polydamas nous montre une véritable candeur. Les alliés, sans doute, n’attendent rien de nous que de juste et de noble, puisqu’ils nous accordent un roi qui est incapable de faire rien contre la liberté et contre la gloire de notre nation : aussi pouvons-nous protester, à la face des justes dieux, que les fleuves remonteront vers leur source avant que nous cessions d’aimer des peuples si bienfaisants. Puissent nos derniers neveux se souvenir du bienfait que nous recevons aujourd’hui, et renouveler, de génération en génération, la paix de l’âge d’or dans toute la côte de l’Hespérie !

Télémaque leur proposa ensuite de donner à Diomède les campagnes d’Arpine, pour y fonder une colonie. Ce nouveau peuple, leur disait-il, vous devra son établisse-