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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/460

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VARIANTE


POUR LA PAGE 100.[1]


Après ces mots : Ces armes étaient polies comme une glace, et brillantes comme les rayons du soleil, on lit : Dessus était gravée la fameuse histoire du siège de Thèbes : on voyait d’abord le malheureux Laïus, qui, ayant appris par la réponse de l’oracle d’Apollon, que son fils qui venait de naître serait le meurtrier de son père, livra aussitôt l’enfant à un berger pour l’exposer aux bêtes sauvages et aux oiseaux de proie. Puis on remarquait le berger qui portait l’enfant sur la montagne de Cythéron, entre la Béotie et la Phocide. Cet enfant semblait crier et sentir sa déplorable destinée. Il avait je ne sais quoi de naïf, de tendre et de gracieux, qui rend l’enfance si aimable. Le berger qui le portait sur des rochers affreux, paraissait le faire à regret, et être touché de compassion : des larmes coulaient de ses yeux. Il était incertain et embarrassé ; puis il perçait les pieds de l’enfant avec son épée, les traversait d’une branche d’osier, et le suspendait à un arbre, ne pouvant se résoudre ni à le sauver contre l’ordre de son maître, ni à le livrer à une mort certaine : après quoi il partit, de peur de voir mourir ce petit innocent qu’il aimait.

Cependant l’enfant allait mourir faute de nourriture : déjà ses pieds, par lesquels tout son corps était suspendu, étaient enflés et livides. Phorbas, berger de Polybe, roi de Corinthe, qui faisait paître dans ce désert les grands troupeaux du roi, entendit les cris de ce petit enfant ; il accourt, il le détache, il le donne à un autre berger, afin qu’il le porte à la reine Mérope, qui n’a point d’enfants : elle est touchée de sa beauté ; elle le nomme Œdipe, à cause de l’enflure de ses pieds percés, et le nourrit comme son propre fils, le croyant un enfant envoyé des dieux. Toutes ces diverses actions paraissaient chacune en leurs places.

Ensuite on voyait Œdipe déjà grand, qui, ayant appris que Polybe n’était pas son père, allait de pays en pays pour découvrir sa naissance. L’oracle lui déclara qu’il trouverait son père dans la Phocide. Il y va : il y trouve le peuple agité par une grande sédition ; dans ce trouble, il tue Laïus son père sans le connaître. Bientôt on le voit encore qui se présente à Thèbes ; il explique l’énigme du Sphinx. Il

  1. Note de Wikisource : Cette variante se place au chapitre 13, de la fin de la page 298 au début de la page 300