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VARIANTE.

juger qu’ils étaient dévoués aux Furies infernales et à la vengeance des dieux. Les dieux les sacrifiaient pour servir d’exemple à tous les frères dans la suite de tous les siècles, et pour montrer ce que fait l’impie Discorde, quand elle peut séparer des cœurs qui doivent être si étroitement unis. On voyait ces deux frères pleins de rage, qui s’entre-déchiraient ; chacun oubliait de défendre sa vie pour arracher celle de son frère : ils étaient tous deux sanglants, percés de coups mortels ; tous deux mourants, sans que leur fureur pût se ralentir ; tous deux tombés par terre, et prêts à rendre le dernier soupir : mais ils se traînaient encore l’un contre l’autre pour avoir le plaisir de mourir dans un dernier effort de cruauté et de vengeance. Tous les autres combats paraissaient suspendus par celui-là. Les deux armées étaient consternées et saisies d’horreur à la vue de ces deux monstres. Mars lui-même détournait ses yeux cruels, pour ne pas voir un tel spectacle. Enfin on voyait la flamme du bûcher sur lequel on mettait les corps de ces deux frères dénaturés. Mais, ô chose incroyable ! la flamme se partageait en deux, la mort même n’avait pu finir la haine implacable qui était entre Étéocle et Polynice ; ils ne pouvaient brûler ensemble ! et leurs cendres, encore sensibles aux maux qu’ils s’étaient faits l’un à l’autre, ne purent jamais se mêler. Voilà ce que Vulcain avait représenté avec un art divin sur les armes que Minerve avait données à Télémaque.

Le bouclier représentait Cérès dans les campagnes d’Enna, etc. La suite, page 100.


FIN DE TÉLÉMAQUE.