Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/118

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100 SEBASTIEN CASTELLION· . posait une sorte de question (l’llOllllGUI' la ou nous ne voyons · plus qu`une question théologique. Mais rouvrons la co1·res- pondauce du temps, celle de Calvin par exemple, et nous voyous I‘eparait1‘e a chaque page, Sous la forme de << cas de conscience » vraiment tragiques, la perplexité morale qui faisait le fond du drame pour les contemporains '. En vain le lecteur lettré, car c’est it lui surtout que l’on s’adresse, essayera—t-il de trouver contre ces anxiétés un refuge dans l’étude : l’étude elle-même est comme traversée par un I‘ClllOl`(lS, du moment qu`elle devient un moyen de se sous- t traire au devoir. Des qu’il y réfléehira, il ne comprendra plus l’étude comme but de la vie. Vitœ, non sc/zolœ dis- citur. Ce n’est pas a Castellion, mais c’est ai un jeune ecclésias- tique qui traversait une crise tout analogue, que Calvin écri- vait at cette même époque : « Tu n'as pas le droit d’étudier pour étudier : amasser des trésors d’érudition, ce n’est pas plus remplir sa vie que si on la passait et regarder des tableaux. Le critérium des bonnes études, le voici : il faut que d'abortl elles te rendent meilleu1·, ensuite qu`elles te mettent en état d’être utile aux autres ’. » L`Inst2`mti0n clw·ét2'cnne devait être pour Castellionet ses semblables un sursum cordd décisif. A la puissance du livre faut-il joindre ]’action personnelle de Calvin? Est-il vrai qu’il soit venu it Lyon Vers cette (Époque, un peu avant ou aussitot apres l’apparition de liI'I'LSÉ?tl¢Z2.0’IZ Ch')‘éÉZ.87t7Z8? Un texte assez 1. Quoi de plus touchant que ce mémoire qu'écrit Calvin, de Strasbourg (IQ septem· i bre 15iO. llerm., VI, 297-305), ai ses amis français, évangéliques de cœur, mais obligés de rester ca France : Que doit faire un chrétien fidèle vivant au milieu des papistes?Peut-il sans mensonge et sans hypocrisie prendre part aux cérémonies du culte catholique? Doit- il s'cn séparer radicalement? Calvin, ce grand esprit simple et d'ordinaire si tranchant, ici se trouble, hésite, tatonne, ct rien u'est plus noble que cet embarras. ll ne faut sous aucun prétexte s‘associer ai des pratiques superstitieuses sacrilèges, ·« se prosterner devant les images, adorer les reliques des saints, porter chandelles devant les idoles, achepter des messes ou indulgences ii, etc. (p. 303), mais « quand ce vient au dimanche que le peuple s'assemble (p. 301), le fidèle ne peut-il, ne doit-il pas venir a Vassemhlee, assister à la messe paroichialle et aux oraisons du dimanche qui la plupart sont meilleures et plus S(\l!lCi.€S QUE (lès &l1tl‘û5 _i0lll‘S, l)Dll!‘ })l`Oti)Si.Cl‘ qllill SC Vôllt €lli.l`Ui.Bl1ll‘ Oil lil COHlll’l\l·lll0!l (ll) l`Eglise ii? ¤ Je ne scay qu`en dire », avoue Calvin. « Et néantnmins je ne suis pas d'une si extreme sévérité de condamner tous chrétiens qui n`abandonnent leur pais quand ils sont detenuz en ceste servitude comme si totalement je desespereye de leur salut. » ‘2. Lettre de Calvin J1 un ancien compagnon d’études, 1539 (Heriuinjard, IV, S).