Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/125

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STRASBOURG. CHEZ CALVIN. 407 pour lieu de culte le chœur de l’église des dominicains, ce chœu1· qui renfermait de nos jours les Bibliotheques publi- ques de Strasbourg et que nous avons vu s`abîmer dans les flammes pendant la nuit néfaste du 24 août 4870 '. » On a publié récemment quelques lettres d’un etudiant wallon qui peint avec des détails touchants la vie de cette petite communauté dans ses premieres a1111ées, telle que le souffle de Calvin l’avait un instant animée. L’enseignen1ent, la prédication, le catéchisme, les rites séveres du culte, tout a ete l’œuvre de Calvin, le chant surtout qui est it ce moment l`objet de so11 attention : il publie lui-même en 4539 un 1·e- cueil de psaumes et de cantiques ai l’usage de l'Eglise, et le naïf témoignage de notre étudiant 11ouS en montre le Succès 2 '_ Jamais créature ne saurait croire, dit-il, la joie que on a quant on chante les louenges et merveilles de Dieu en la langue maternelle. Je fus bien au commencement cinq ou six jours quand je voioie ceste petite assemblée laquelle estoit expulsée de tout paîs pour avoir maintenu l’hon— neur de Dieu et l’Evangile, je commencoie a pleurer non par tristesse, mais de joye en les oians chanter de si hon cœur comme ils chantent. Vous n’y oyeriez point une voix desborder l’autre; chascun a ung libvre de musique en sa main, tant homme que femme, chascun loue le Sei- gneur. ll y en a icy de tels qui ont bien laissé sept ou huit mille tlorins de rente et s’en sont venus icy atout rien et rendant grace'au Seigneur qu’il lui a plu les amener en place ou son noni est honoré .... Et sy est·on a repos de conscience quand on est où est la parolle de Dieu purement _anoncée et les sacrements purement distribués 2. A l.a charge pastorale, Calvin joignait les fonctions de pro- fesseur. « Il lisait en théologie, avec grande admiration d’un chacun » (Beze) “. Strasbourg n’avait pas enco1·e d`Universite, mais depuis 4537 elle possédait une institution sans pareille jusqu’alors et qui devait être pendant un demi-siecle le mo- dele incontesté des colleges : Jean Sturm venait de fonde1· le Gymnase. Ce grand organisateur avait su réunir tous les éléments d’instruction épars jusque-la, s’inspirer de ce qu’il t. lt. ltenss, Pierre ]}rully, p. 25. 2. Alfr. Eriehson, l'Eglise française de St1·¢urb0u:·g au .\'i’I° siecle. Paris, Fischbacher, ISSG, in-8, p, 15 et 22. Voir aussi une étude tres complete, tenant compte de presque tous les documents récents : Johannes Calvinus als erster P/'arrer dcr re/'ormirlen Gemcinde zu Stras- sbinjq, par Ed. Stricker, 1890, in·S°. 3. « Nuper ad pnblieam professionem invitus n Capitone protrnctus sum. Ita quotidie aut lego aut concionor. » (Herminjard, \’, 230.)