Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/145

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LE 00LLEom ne GENÈVE. · · 127 lettré, un parfait professeur de langue, c’est par surcroît et de toute son ame un maître de mo1·ale. Il se rapproche plus de Mélanchthon que d’Erasme. Il étonne ces jeunes gens, habitués jusque-la a ne voir dans le régent qu’un habile ' manieur de mots et de formules, en s’intéressant plus a eux- memes qu’a leur savoir 2 il leur pa1·le de la vie et de ses devoirs, de leur conduite, de leurs fautes; langage nouveau · et nouvelle éducation : Cordatus linguaz, morum vitaeque magister, ` Corderius censor crimina cuncta notat ‘. C’était bien la le professeur et l’éducateur que devait désire1· Calvin pour son college naissant; mais comment l’y attirer? Comment le détacher de Bordeaux? Plus_d'un lien l’attachait au college des jurats : l’amitié d'abo1·d. Il y avait pour collègues son vieux camarade Claude Budin, des hommes de gout, qui étaient en même temps des hommes, de cœur, comme Robert Britannus, comme André Zébédée, comme Charles de Sainte-Marthe, comme Nicolas Grouchy, comme Voulté lui—même, encore etudiant, déja poete et déjà profes- i seur, comme cet excellent maître des commençants,·qu’il avait en grande estime, Jean Collassus; il devait d’ail|eurs trop de gratitude a Gouvéa pour Fabandonner; enfin il était surtout attaché ii l’œuvre par l`œuvre elle-même : ai côté de l’ensei- gnement, il se faisait au college, sans bruit, mais d'autant plus ' surement, un profond travail religieux; la plupart des pro- fesseurs répandaient autour d’eux les doctrines nouvelles en hommes g1·aves et instruits, sincerement convaincus, mais pleins de mesure et de respect pour toutes les traditions res- pectables. Jean Collassus lui-même, au milieu de sesideux cents petits eleves, faisait lire l’Evaugile en francais et par eux l’introduisait dans les familles. Les magistrats étaient dans les memes dispositions : le fondateur du college, Jehan de Ciret, clerc secrétaire de la ville, le sous—maire Charles de Candelay, favorisaient décidément la réforme. Le college de Guyenne était l’un des deux foyers de la propagande qui . i. Voulté, Epigr., p. 69.