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lument nouveau, l’usage de Colloques scolaires, dont Mosellanus avait donné le premier modele en 1517.

Ces ouvrages, comme l`a si bien expliqué M. Massebieau ’, correspondent nierveilleusement a co premier et court moment où, par une touchante illusion, lion crut dans toute ]’Europe que le latin, le beau latin classique tout nouvellement remis en honneur, allait devenir en quelque sorte la langue universelle des pays civilisés. Ce n’était plus une langue morte, c’etait la lang·ue vivante entre toutes, celle des écoles et des savants de tous les pays, celle qui seule avait le privilège d`etre lue, écrite, parlée couramment d’u;1 boul: du monde ai l’autre par tout ce qui représentait l’intelligence et l’autorité dans tous les domaines. De la cet effort auquel nous ne savons plus rendre justice pour habituer la jeunesse lettrée a écrire et spécialement a parler latin 2.

Volontiers nous croirions aujourd’hui le probleme·beaucoup plus simple qu`il n’était alors. La seule difficulté n’étaiI; · pas de forcer les élèves Et renoncer a leur langue maternelle, . il y avait aussi ii réagir contre le latin en usage dans les universités, celui des professeurs et celui des etudiants, deux jargons diversement mais également absurdes et sans con-· t1·cdit plus barbares que le pire des patois; nous ne pourrions nous faire une idée de cette langue étrange, si Bebel, Crocus et Mathurin Cordier ne nous en avaient conservé de nombreux et incroyables spécimens; et faute de ce point de comparaison, nous n`apprécierionS pas le service que rendit _ la Renaissance en 1·éintroduisant dans les écoles la langue de Terence ot de Cicéron.

Les colloques scolaires, c’est-a—dire des dialogues d’écoliers en bon latin, furent 1`arme décisive dans ce combat contre la

1, Il faut consulter sur ce genre Spécial de littérature scolaire son volumc plein d’erudition et qui n‘en est pas moins d’une lecture attachante, les Colloques scolaires du XVl° siécle (1430-1570), par L. Massebieau, Paris, ‘1S7S, in-8.

2. Alfr. Franklin, Recherches historiques sur le collège des Quatre-Nations, p. 70, cite un essai en plein xvn° siècle pour apprendre le latin aux enfants parla conversation, « Les statuts de 1598, ajoute M. Franklin, interdisaient encore dans les colleges l’usage de la langue . francaise : ii Nemo scholasticorum in collegio lingua vernacula loquatur, sed lutinus scrmo eis ·· sit usitatus et fumiliarls (art. XVI). » Au XVlll° siècle mèmejblnupertuis nvuit imaginé une ville ou toutle monde devait parler latin et dans laquelle un séjour de deux ans épargnerait ii la jeunesse les ennuis de la scolarité, — On réimprimait naguère et peut—élre réimprime— t-en encore un élégant petit Guide de la Conversation latine, par un Père de la C" de Jésus, Paris, Albancl, in—12, dont le fend est principalement tiré des dialogues du P. Pontanus.