Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ramiinaas mrricunrns. 183 peine qu’il puisse exister entre eux une solide amitié comme elle devrait — exister entre frères. Pour le moment, les débats ont cessé, mais je crains bien qu’ils ne renaissent prochainement à la moindre occasion. En outre, Sébastien est venu se plaindre à moi de l’insuf`fisanee de son traitement, et il est E1 peu près impossible d'obtenir de nos magistrats qu’ils l’augmentent; moi du moins, j’en désespère tellement que je n`oserai pas même essayer. Voila l’état de notre collège 2 vous voyez que vous n’avez pas E1 en êtrejalouxî .... Quelques jours après (M septembre 4542), Calvin donne il Viret des détails sur un autre incident, et il laisse percer plus visiblement encore un mouvement d’humeur et d’impatience Et l’égard du jeune maitre. Comme tous les humanistes pro- testants, qui partageaient leur zèle entre les lettres anciennes et la foi nouvelle, Castellion a entrep1·is — illusion de jeu- nesse — une traduction en francais du Nouveau Testa- ment. Il y consacre tous ses loisirs, il en a ent1·etenu Calvin. Peut—etre celui-ci ne voyait-il pas bien la nécessité d`une traduction de plus ’; peut-ètre ne pouvait-il se défendre d’une certaine sévérité pour le sans-facon avec lequel ce i jeune homme abordait d'égal ai égal le premier docteur de la Réforme etlui demandait plutôt des conseils qu’une appro- hation. C’est du moins l’impression que nous laisse cette lettre de Calvin ai Viret “ 1 · Apprenez maintenant les fantaisies de notre Sebastien : il y a de quoi vous faire rire et vous mettre en colere. Il y a trois jours il vint à moi. ll me demanda s’il ne me conviendrait pas de laisser publier sa traduc- tion du Nouveau Testament. Je répondis qu’elle avait besoin de nom- breuses corrections. Il demanda pourquoi. Je le lui montrai d`après les quelques chapitres qu’il m’avait précédemment donnés comme spéci- mens. ll répliqua que dans les suivants il avait apporté plus de soin, et · me redenianda ce que je décidais. Je répondis que je ne voulais pas en empêcher l’impression, mais que cependant j’étais disposé à tenir la parole que j’avais donnee a Jean Girard, c’est-à-dire d’examiner et de corriger ce qui demanderait —correction. ll repoussa cette condition. Il s’oü`rit pourtant E1 venir me lire son manuscrit, si je voulais lui fixer une heure. Je l’avertis que jamais, quand il me donnerait cent couronnes, je ne consentirais at me lier à des rendez-vous il heures fixes, et ensuite a disputer parfois pendant deux heures sur un seul mot. C’est la-dessus qu’il est parti, visiblement peiné. Et pourtant, pour 1. Traduction du texte lutin publie dans Opp. Calv., Xt, 427, 423. A ` 2. Voir ci-apres notre chapitre sur la liiblc latine de Castellion. · 3. Traduction du texte latin publie dans Opp. Calv., Xl, 439; reproduit dans la Vic de Calvin, par Beze et Colladon (1565).