Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/314

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296 snaasrieu casrannion. L’auteur s’adresse a la fois·a ceux qui déplorent l’absence de qualités littéraires dans les livres saints et ai ceux qui l’ad-· mirent. Les uns et les autres se trompent. Il prouvera aux rigoristes, qui affichent le dédain des lettres profanes, que Moïse ne les dédaignaitpas, et aux lettrés, qui font peu de cas de lalittérature biblique, « qu’ils ont tort de reléguer en dehors de la cité des lettres des écrivains d’une si grande valeur » ‘. Moïse en particulier est un maître dans tous les arts libé- raux, et ne fît-on que l’envisager a ce point de vue tout humain, il a des titres qui sufliraient ài la gloire d’un auteur profane. _ ‘ Ici nous allons trouver un de ces contrastes qui ne sont pas rares au xv1“ siecle entre l’originalité de la pensée et la puéri— - lité de Yexécution. C’était une these neuve que de présenter Moïse comme historien, comme orateur, comme poete, comme philosophe. L`annonce de ce programme 11ous transporte presque en plein x1x° siecle; la facon dont il est rempli nous ramene au xv" siecle. Notre critique suit chapitre par cha- pitre la table des matieres des Rhétoriques de son temps ’, et il catalogue les qualités littéraires, les figures et les tropes, les trois genres de style dont on peut trouver les modeles dans le Pentateuque aussi bien que dans les classiques; il procede de meme pour les diverses parties de la philosophie, pour la physique °, pour la morale, ou il nous montre les Grecs et les Romains « convai11cus de plagiat w>, mais où lui-meme se révèle original dans une théorie qu’il.prete ai Moïse et qui fait consister le souverain bien non dans la vertu mais dans · la vie; il en déduit la vie éternelle, car il ne voit dans la Bible rien au dela de ces deux sanctions suprêmes ‘ : la vie, suite naturelle de la vertu, c`est-a—dire de l’obéissance a Dieu; la 1. Tam excellentes scriptorcs extra ltunzaniorum, ut vocant, Ii/tcrarnm quasi civitatem relegnre. Q. Telle que serait par exemple celle de son ami Curione, qui allait paraître (1547). 3. Un seul trait, pour prouver que Moïse a connu et défini les quatre éléments : ii Quatuor esse elementa patet ex eo quod ostendit Deum, primo die, creavisse « terram ww, in qua « aqua iw intelligitur; seeundo, ii liquidum ww, id est u cœlnm wu, in quo « ignis ww. Terra qualis . sit ostendit dum cam « siccum tw uppellat; inûmam esse itaque gravissimam, dum dicit ii Aigyptios Immo absorptos ww. Quum enim perierint in mari, oportet. subesse terram qua; cos nbsorpserit, etc. 4. « Eum nihil nequc morte miserius minari, neque vita beatius posse promittere. ww (Prazf., p. 3.) Comparer avec la doctrine de M. Guyeu et avec celle de M. Petavel-Ollitf sur I’immor- tulité conditionnelle.