Aller au contenu

Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

344 SEBASTIEN cAsrELL10N. faire, et il les réfute avec sa logique ordinaire : « J`ai tou- jours été prêt, dit—il, et subir tous les supplices, s’il était démontré que je détourne les ames de la vraie foi : comment, 1·efuserai—je pour autrui ce que _j’accepte pour 1noi ‘? » Tous les calvinistes ne sont pas aussi fougueux, mais presque tous, comme Farel, aussitôt apres avoir protesté de leur attachement a la saine doctrine, celle de la répression sanglante, constatent qu’autour deux nombre de gens la combattent plus ou moins haut. Au cours même du proces, les renseignements de ce genre_ ne sont pas rares dans la correspondance. Le pasteur balois Sulzer ne dissimule pas a Bullinger qu`il faudra du courage aux Genevois, pour prononce1· cette sentence, « car il ne manquera pas de gens qui blameront violemment Calvin de l’avoir provoquée et le sénat de la lui avoir accordée » 2. Pierre Toussaint, le réformateur de Montbéliard, en appre- nant l'arrestation d’un Espagnol accusé d’herésie, ecrit nette- ment a Farel lui—même : << J’estime que nous n’avons pas le droit d’intenter une poursuite criminelle pour cause de religion 3. » Un homme d'une certaine autorité, qui passa précisément et Geneve au moment de Pemprisonnement de Servet, contri- bua a faire naître le doute dans plus d’un esprit. C’était le célèbre jurisconsulte Gribaldi, alors établi a Padoue, ou il allaitètre appelé at la chaire de droit at l`Universi|;é. Il venait chaque année en Suisse, ou il avait acheté la petite propriété de Farges, près de Gex, alors en territoire bernois. Gribaldi — c’est Calvin qui nous l’apprend ‘, — sans prendre expressé- ment la défense des opinions théologiques de Servet, « semait des propos qui se ramenaient a ceci : qu’il n`y a pas de péna- lité ât exercer contre des doctrines erronées, parce que la foi de chacun est libre >> “. La formule, on le voit, était nette et 1. 8 sept. 1553. Opp. Calv., XIV, p. GIR. 2. Lettre En Bullinger, 2S sept. 1553 : « Quando scio non defuturos qui Calvîni instigatio- nem et senatus ea in re obsequentinm sint vehementer improbaturi ». (Opp. Cala., XIV, 627.) 3. Voir plus loin, pour la suite de l’évolution de Toussaint à partir de ce moment, le commencement de notre chapitre xxx. 4. Lettre au comte de \\’nrtemberg, 2 mai 1557. (Opp. Calv., XVI, -164.) 6. wi Tnntnm obliques scrmones serebat non esse de 1'alsis dogmatibus cxigendas pcenas, quiu liberu cuique esset fldcs. »