Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/364

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346 sE1aAsr1EN GASTELLION. voudra, plutôt que le feriou le feu. Et tout en s'en désolant, il répète, en insistant sur la sûreté parfaite de ses informa.- tions, que ce 1nalheu1·eux a de nombreux défenseurs parntti les hommes marquants du. parti évangélique '. Un autre pasteur de Coire, Philippe Gallitius, écrivant au _ même Bullinger, encore avant la 1no1·t de. Servet, décele le même état d`esprit. Il fait allusion aux récits de Gribaldi qui, dit-il, défendant Servet, nous avait exposé les choses trop` en sa faveur. Il approuve la lettre des Zurichois, et il éprouve le besoin d’ajoute1·, comme pour répondre at des arguments qu’il n`a pas oubliés-: <<` Ce n’est pas la punir l’i11crédulité, c'est empêcher le poison de se répandre dans le peuple » ’. Le 28 octobre, le médecin italien Gulielmo Grataroli écri- vait de Bale a Bullinger “, ne sachant pas encore le supplice de Servet: « plut ai Dieu qu’il n’eut pas de partisans, ici et ailleurs, surtout parmi ceux qui veulent passer pOI11' les plus lettrés et les plus distingués. J’en ai entendu quelques—uns traitant 11otre excellent Calvin comme u11 bourreau. J `ai pris sa défense, et je la prendrai toujours, me conliant en Dieu, quoique je sois un moucheron contre des éléphants. » Et il ajoute ce mot qui peut bien avoir été vrai : « Ah! si l’OII n’avait rie11 ii. craindre pou1· ses intérêts, quelles opinions; monstrueuses nous entendrions! » A Zurich enlin, 011 a tenu _les memes propos, non pas dans quelque conciliabule, mais chez le bourgmestre Jean llab, cel11i qui avait été, a deux reprises, envoyé il la cour de France pour sauver de malheureux luthériens. Un Francais, attaché comme précepteur des jeunes gens de Geneve, 11,8. pas crai11t de soulever la q11estion et de la 1·éso11dre contre Calvin. Et le professeur Rodolph Gwalther, qui donne ce détail allaller, ajoute : « la cause de Servet a déja trouvé des pa1·tisans parmi nos compatriotes veux dire les Francais et les ltaliens), en plus grand nombre que vous 116 croyez >>. 1. « N0n_deesse illi nebuloni fnutorcs ex ordine doctorum et corum qui non solum dede· runt nonxen Evangelio, sed qui, volunt columnzc videri. Loquor qua: scio, non suspicor, Audivi nb ipsismet, non nb aliis. » (S oct. 1553.) » 2. Opp. Calc., XIV, GIE), 19 oct. 1553. . 3. Ibid., XIV, 658. Lui—mé1ue hésite un moment! ll alemande ii Bullinger de lui marquer son avis en deux lignes : « an cmnino recto uclum asse cum Servelo senlias dum eo 7llO]'lfS yenere illum e vivis sustuleruzzt ~». (Ibid., 666.)