Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/399

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0r1N10N DE BRENZ. 381 Sans doute ils auraient pu citer, comme on l`avait fait avant eux‘, de belles pages ou Mélanchthon faisait appel it la cha- rité, voulait que la foi fut libro et volontaire, interdisait d’im— poser la vérité par le g·laive, réclamait pour le royaume de l’Evangile le régime de la liberté spirituelle. Mais ils faisaient acte de bonne foi en ne tirant pas arg·u- ment de ces généralités évangéliques contre le gré de l’au- teur. Il y avait quelques années que Mélanchthon avait publié son célèbre petit traité Dc 0/`/icio principum @540) 1 sans s`y prononcer bien entendu pour le supplice des hérétiques, il approuvait Augustin requérant le bras séculier contre les Donatistes, et il soutenait, par des syllogismes en forme, le droit et le devoir pour le magistrat de mettre tous ses pou- , voirs au service de ce qui est`la lin essentielle de la société, c’est—a—dire le triomphe de la vraie religion. Tant il est vrai que la aussi la douceur et l’esprit de conciliation ne suflisaient pas fr faire triompher l'idée de la liberté de conscience. Il fallait etre du parti des violents pour oser se dresser entre le persécuteur et le persécuté; Luther lui—mème 11’avait pu tenir le langage que nous avons admiré que dans le pre- mier élan de la Réforme. Mélanchtlion étendait sa tolérance jusqu’aux intolérants; incapable de partager leur passion, il l’était aussi de la combattre; et a l`heure ou ce petit livre paraissait., toute la Suisse, toute l’Allemagne savait déja qu’il n’avait pas eu le courage de refuser son assentiment a l’acte collectif des théologiens de YVeimar approuvant, en somme, le supplice de Michel Servet ’. Ce n`est donc pas Mélanchthon, c’est Jean Brenz dont le témoignage va faire suite ai celui de Luther. Nous avons déja dit quelle en était la valeur pour les contemporains : il repré- sentait en quelque sorte tout un pays ou latolérance avait officiellement triomphe. · _Brenz commence par condamner les diverses liérésies dont les anabaptistes sont convaincus. La Seule question qu`il va traiter est celle-ci : l’Ecriture d’une part, les lois impériales 1. Sébastien Frank (voir plus loin, p. 391) avait cité quelques-uns] de ces passages ii. la suite de ceux de Jeun Odenbneh. 2. Voir au chapitre précedent, p. 348 et 358. Th. de Béze, dans sa réponse En Bellius, se réclame de lhpprobation de Mélanehthon, qu'i1 affecte de tenir pour acquise (p. 317).