PRÉFACE
L’idée d’écrire une Vie de Sébastien Castellion comme thèse de doctorat ès lettres avait été soumise à M. Victor Leclerc : c’est assez dire à quelle date lointaine remonte ce travail. L’aimable et savant doyen, qu’aucune question d’histoire littéraire ne prenait jamais au dépourvu, accueillit immédiatement ce sujet avec faveur, pourquoi ne pas le dire, avec joie : « Beau sujet, répétait-il, peut-être trop beau, car il est double ; Castalion a une place à part sur les confins de deux domaines qui ne se sont jamais confondus, justement parce qu’ils se touchent : la Renaissance et la Réforme ». Puis, dans une de ces causeries qui étaient de vraies leçons avec l’abandon et la grâce en plus, sans consulter d’autre livre que sa mémoire, il se mit à tracer les grandes divisions de l’étude à faire, indiquant les points où il faudrait insister. « Seulement » ajouta-t-il, en allant chercher dans sa bibliothèque un volume du Dictionnaire de Bayle, « si vous voulez ajouter quelque chose à cet excellent article, qui est jusqu’ici ce que nous avons de meilleur sur Castalion, il faut recourir aux sources. Il y en a de merveilleuses pour votre sujet dans les bibliothèques et les