Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/52

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Il nous intéresse plus particulièrement parce que, comme nous le verrons plus loin, il est resté pendant plusieurs années en relation avec son ancien compagnon d’études. Nous retrouverons le nom d’Argentier en tête de trois ouvrages de Castellion, et la dédicace de l’un d’eux, le Moses latinus (1546), donne clairement à entendre que c’est à Barthélemy, sans doute arrivé promptement à la fortune, que le pauvre et pieux humaniste a dû de pouvoir se livrer à ce travail.

La même dédicace permet de croire que Barthélemy, non plus que son frère, ne s’était pas déclaré pour la Réforme : c’est à quoi sans doute fait allusion son ami, dont la reconnaissance n’altère pas la franchise, en terminant sa lettre par le vœu qu’il ne s’expose pas au reproche d'avoir préféré le bien-être de l’Égypte et la pureté de la foi. La même année Castellion offrira un opuscule gréco—latin, Mosis politia (4 janvier 1546), au « petit George Argentier, fils du médecin Barthélemy », que son père, lui dit-il, veut faire instruire aussi bien dans la religion et la piété que dans les lettres grecques et latines. Nous retrouverons plus tard le petit Georges devenu étudiant à l’université de Bâle et pensionnaire de Castellion[1].

Outre les éclaircissements sur les deux Argentier, qui sont ses plus intimes amis alors, les Épigrammes de Ducher nous signalent quelques autres relations de jeunesse de Sébastien Chatillon. Par exemple, immédiatement avant la petite pièce qui lui est consacrée, nous en trouvons une autre ad Philibertum Girinetum, amicum non vulgarem. Ducher loue surtout Girinet de ce qu’il sait apprécier les hommes de valeur :


Rænerium imprimis, quo præceptore per annos
Usus non paucos, doctus et ipse quidem est.


Ce n’est probablement pas par hasard que Ducher, qui groupe et classe volontiers ses personnages, met Girinet tout à côté de Castellion. Quelques années après, dans le même

  1. Serait—ce ce même Georges qui devint plus tard prêtre de Saint-Nizier à Lyon et qui publia une traduction française du traité de saint Basile sur la Vie solitaire? Cela semble peu probable.