Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/83

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DE LiHUMANISME A LA RÉFORME 65 se placent alors sous le patronage des évêques tant décrits que, dès le règne suivant, on ne songcrait plus a leur dédier'. Briconnet, évêque de Meaux, Gérard Roussel, évêque d’Oloron, Michel d’Arande, évêque de . Saint-Paul—'l`rois- Chateaux, Jean de Pins, éveque de Rieux, sont presque des « évangéliques >>; on les désigne .ouvcrtement comme les chefs avoués de cette Eglise catholique réformée, telle que la · reve Marguerite de Navarre. Leurs noms et l’éloge de lClll‘S vertus reviennent a chaque page dans nos poètes lyonnais. Mais a côté d’eux, avec un peu moins de décision ou de net- teté, nombre d’éveques francais continuent ouvertement la tradition gallicane et semblent, pour le moment du moins, · aussi loin du fanatisme romain que de l`h'érésie luthérienne. , Sadolet ai Carpentras, Montluc a Valence, Marillac a ·Vienne, . Saint—G·elais ii Uzès, Pellicier a Montpellier, Georges de Selves a Lavaur, Jean de Langeac îi·Limoges', Lenoncourt a Chalons, Jean du Bellay a Paris, son frère René au Mans, et bien d'autres, sont de sincères amis des lettres, qui vont par sagesse et par piété au-devant de toutes les réformes paci- tiques. Ce n’est pas de leur part une habile diplomatie. En approuvant la formule séculaire des conciles, « amender l’Église dans son chef et dans ses membres », ils ne font que répondre au vœu public. En remettant la décision·du conflit aux « grandesassises du concile universel », ils témoignent une confiance que lévénement devait singulièrement tromper, mais que la France entiere partageait encore de très bonne foi. Seulement, en France comme en Italie, les apparences trom—4 pent. Tandis que la scène est occupée ·par cet imposant cor- tège d’honnetes gens et de sages, par tant de pretres exempts de superstition, par tant d`évèques ennemis du sang, derriere · eux se forme une minorité qui tôt- ou tard vaincra, car a défaut du nombre elle a pour elle la logique. A la date-où nous sommes, on ne connaît encore.dans les hauts rangs du clergé francais que trois noms a citer avec certitude comme partisans résolus de la persécution :·le vieu·x cardinal·Duprat,— Ford chancelier, bai et méprisé autant que redouté; —— le car- 1. A commencer par ceux d‘Étienne Dolet. ‘ ' 5 ,