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En prenant le thé.

— Depuis quand ?

— Que sais-je ? depuis toujours, depuis que je te sais si jolie, si charmante, si gracieuse, et surtout depuis que la crainte de te perdre m’a causé de si vives douleurs ! Je t’aimais bien — mais je t’aime bien davantage maintenant ! Et toi ?

— Moi — je t’aime… et c’est tout.

— Que nous allons être heureux ! Nous ne recevrons pas, veux-tu ? nous n’irons nulle part, nous resterons tout seuls, à nous deux, dans notre petit nid, et nous nous aimerons bien.

—… Mais,… grand’mère — interrompit-elle tout à coup en s’éloignant de moi.

— Grandmère consent, j’en suis sûr : elle nous y forcerait même, si nous ne voulions pas… nous lui obéirons. Tu veux bien ?… Entre nous, — ajoutai-je en la regardant un peu en dessous, — dis-moi, si cette obéissance te coûtera beaucoup ?

— Mais non, mon désespoir ne sera pas épouvantable !… Allons — monsieur mon fiancé, embrassons-nous, et recausons chiffons.

Je lui mis sur le front un long baiser, qu’elle me rendit en me serrant la main, puis :

— Je suis si heureuse, je vais dans ma chambre,