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cun en effet leur idiome particulier, de même que leurs institutions, leurs lois, leur habillement, leur armure[1]. C’est donc une seconde erreur non moins grave que d’avancer, avec la plupart des savants, que dans les Gaules on ne parlait qu’une seule langue, que cette langue était le celtique, qui ne se parle plus dans sa pureté primitive, comme on sait, qu’à Quimper-Corentin, et que c’est au maire de ce bienheureux chef-lieu qu’il faut s’adresser pour obtenir des échantillons authentiques de la souche de toutes les langues de l’ancienne Gaule, et par conséquent de notre wallon.

Nous vous le demandons ! s’écrient ces savants à l’appui de leur système, comment donc, sans cette identité du langage, auraient pu se tenir ces assemblées générales où l’on se rendait de tous les points des Gaules ?

Nous ne sommes pas plus étourdi de ces clameurs que le soleil de Le Franc de Pompignan devant ses obscurs blasphémateurs : nous citons d’abord César, qui, cette fois, n’avait nul intérêt à mentir ; et ensuite l’exemple de nos chambres législatives, où les députés arrivent avec leur idiome particulier, lequel s’efface devant la langue officielle.

L’opinion généralement admise veut que la dépopulation de l’Éburonie une fois achevée, Rome y ait envoyé des colonies italiennes comme des arbres de pépinière ; que c’est à cette greffe de la race sur le sol qu’il faut attribuer l’origine du wallon, lequel serait né du latin, et

  1. C’est ce que dit César : Hi omnes (Galli) linguâ, institutis, legibus, inter se differunt ;… quam variœ linguis, habitu tam vestis et armis.