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enfin que ce dernier idiome aurait fini par devenir d’un usage universel[1].

Procédons avec ordre. De ces deux témérités historiques, la première est inadmissible vu l’inutilité des motifs qu’elle avance, comme nous l’avons vu ; et quant à la seconde, nous ne croirons jamais à cette fusion complète des habitudes, du langage, des lois des Éburons avec les mœurs, la civilisation et les institutions romaines. Rome a eu quelque influence, nous l’avouons ; mais cette influence n’a été ni assez forte ni assez profonde pour pouvoir détruire, comme on le veut, les idiomes et les institutions des peuples vaincus.

Mais, nous direz-vous, qu’est-ce donc que votre wallon ? Le wallon, cher lecteur, comme dirait Jules Janin, ce n’est rien de tout cela et c’est tout cela ; mais d’abord, c’est avant tout du wallon. Et, en effet, il est constant que les Éburons avaient une langue à eux. Dès lors, pourquoi refuser d’admettre que la nôtre est une continuation de la leur ? pourquoi vouloir en rechercher exclusivement les origines dans le mélange du tudesque et du latin, et se créer, en faussant le bon sens et l’histoire, un système qui rend inexplicable une foule de mots qui, comme

  1. C’est Dom Rivet : Hist. littéraire de la France, tome VII, introd., qui a prétendu que le latin avait été le langage populaire de nos contrées jusqu’au XIIe siècle. Cette opinion a été savamment réfutée, et le système contraire largement établi, par Duclos, Lebeuf, Levesque de la Ravalière, Bonamy, etc. V. les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, tomes XV, p. 565 ; XVII, p. 171 et 709 ; XXIII, p. 244 ; t. XXIV, p. 582-657. — Les recherches de ces savants sont arriérées, il est vrai : Roquefort, Raynouard, Ch. Nodier, Fauriel, Ampère, etc., ont fait mieux ; mais sans contredit c’est avec leur secours.