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au wallon, et une foule de dénominations de lieux, étrangères aux langues néo-latines, sont des traces assez apparentes d’une langue primitive. Parmi les objections qu’on pourrait faire contre son existence, c’est que le wallon contient beaucoup de mots qui s’expliquent par des analogues latins et allemands. La raison en est simple, et nous l’avons déjà donnée. D’abord, parce que depuis César la contrée eut quelques camps statifs ; ensuite, parce que plusieurs familles de Franks y élevèrent leurs demeures. La nature hybride de ces mots prouve, en faveur de notre opinion, que la langue latine et la langue germanique se sont mêlées à l’idiome national.

Au reste, si l’on voulait sonder les profondeurs de la science étymologique, on pourrait aller plus loin et trouver de curieuses affinités entre notre idiome et les langues primitives de l’Orient : aucuns en exhument des radicaux hébreux, arabes, japonais, etc. L’origine de ces ressemblances peut être commune à ces différentes nations, et remonter à des temps antediluviens, viens, comme disent les géologues. Ce qui est certain, c’est qu’on y rencontre une multitude de grécismes. Les Druides peuvent en avoir rendu l’usage commun. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que nos chroniqueurs avaient beau jeu pour prouver l’existence de Leodes et de la colonie troyenne qui s’établit à Liége, et qui parlait probablement grec.

Une langue impose ordinairement aux animaux, aux choses, aux lieux des noms qui marquent leur nature, leurs propriétés et leur origine. Ces mots devraient avoir une valeur intrinsèque dans le wallon ; mais comme ils lui sont complètement étrangers, ainsi que nos faibles moyens nous permettent de le supposer, et que, dans tous les