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cêtres en flamand, et c’est sans contredit la plus grande entorse que l’auteur ait donnée à notre histoire.

Ceux qui ont admis cette hérésie auraient pu alléguer une autorité bien autrement concluante que celle d’un écrivain qui ne nous connaissait que par ouï-dire : c’était le sentiment d’un Liégeois, de l’érudit Paquot, qui avance que anciennement une partie des habitants de Liége parlaient flamand, surtout vers le faubourg Ste.-Walburge[1]. Cette assertion n’est appuyée d’aucune preuve et en outre tous les monuments lui sont contraires. Sans aller loin, nous opposerons à Paquot un homme qui avait un avantage incontestable sur lui : c’est qu’il était de Liége, c’est qu’il écrivait à Liége, non pas au siècle dernier, mais en 1360 : c’est Hemricourt. Celui-ci raconte qu’au XIIIe siècle les seigneurs liégeois plaçaient leurs enfants mâles en qualité de pages dans les châteaux du comté de Looz, pour apprendre, en même temps que les bonnes façons de la courtoisie, la langue flamande (tiexhe)[2]. Ce témoignage est décisif. Nous nous abstiendrons d’en citer d’autres ; et, dans la suite de cet article, nous aurons soin de noter des faits qui convaincront le lecteur jusqu’à l’évidence.

Résumons-nous. Les plus anciennes notions historiques nous montrent donc notre pays habité par les Éburons, nation qui faisait usage de l’idiome wallon, et qui, pour cela même, était classée dans la grande famille des Gaulois. Nous avouons que cet idiome ne nous est pas arrivé très-pur ; soit, mais il nous est arrivé : c’est ce que nous voulons. Diverses articulations et plusieurs règles propres

  1. Mémoires pour servir à l’histoire littéraire… du pays de Liége, t. XIII, p. 281. (Paquot était né à Florennes).
  2. Miroir des Nobles de Hesbaye, p. 303.