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plémentaire de toute bonne éducation. C’en était le signe le plus caractéristique. Nos châtelaines étaient élevées presque toutes dans les mêmes principes que ceux qu’on inculquait à la fille du site de Warfusée (1102). « Ilh faisoit sa filhe Alix, par ses maistresses, neurir en grant estat, aprendre et enseigner tos esbatemens que nobles damoiselles doyent savoir, de overeier d’or et de soie, de lire ses hoires, romans de batailles, jowier az eskas et az tables, etc. »[1].

Les cris de guerre jetés sur les champs de bataille sont des monuments irréfragables de la langue parlée par les combattants. En 1213, la bataille de Steppes fut gagnée par les Liégeois sur les Brabançons. Dans l’armée liégeoise, il y avait les contingents amenés par les grands vassaux, parmi lesquels on remarquait les comtes de Limbourg, de Namur, de Looz, etc. Les Liégeois, au cri de hahai, hahai, massacrèrent un grand nombre d’hommes d’armes du comte de Looz, leurs amis, parce que ceux-ci parlant la langue tudesque, furent confondus avec les Brabançons[2].

Ainsi, en 1213, le wallon était l’idiome parlé par les Liégeois, et le tudesque celui des troupes du comte de Looz. Ces deux dialectes étaient alors dans les mêmes limites qu’aujourd’hui. C’est ce que nous croyons avoir suffisamment démontré.

  1. Hemricourt : Miroir des Nobles de Hesbaye, p. 6.
  2. Reinier de St.-Jacques, Chronicon Leod. dans Martène et Durand, Amplissima Collectio, t. V, p. 64. — À propos de cette bataille, nous ferons remarquer que, en jetant un coup d’œil rétrospectif sur les siècles écoulés, on trouve que les Wallons ont toujours eu une haine prononcée pour les personnes qui parlaient le thiois. Aujourd’hui, cette antipathie existe encore, quoique faiblement.